Quand le Club des investisseurs défend le conflit d’intérêts et l’arnaque qui impliquent un de ses membres. Dénonçons ces escrocs…
Ils se disent investisseurs mais ne sont que des pique-assiettes. Retournons, torche en main, dans la caverne lugubre du soi-disant Ckub des investisseurs du Sénégal (CIS), le refuge des arnaqueurs et pires malhonnêtes, profitârds, escrocs, que notre pays compte.
Dirigés par le bizarre, menton carré, surgi d’on-ne-sait où, Babacar Ngom qui se projette en modèle de self-made-man, à la tête de son empire de…poussins, aidé par qui-sais-je, ils n’ont cessé depuis la mise en place de leur structure, avatar d’un franc-maçonisme, de se faire passer pour les hérauts de la cause économique nationale.
Les voici qui cachent leurs visages à mesure que la torche s’approche. Leurs membres, mains et jambes, tremblent. Se sentent-ils découverts ? Cachent-ils des choses ?
Assoupissement
Il est grand temps que les sénégalais se sortent de leur propre assoupissement pour chercher à savoir qui sont donc ces investisseurs qui n’investissent rien mais se positionnent sans gêne près du cœur de l’Etat afin de ramasser, via une ingénierie de l’escroquerie, tout ce qui doit faire l’objet d’une ouverte compétition.
Leur truc consiste à surfer sur des concepts à la mode pour rouler la plèbe et rafler vite fait, bien fait le magot. Ce sont, disons-le, les nouveaux flibustiers des temps toxiques que Dieu a voulu punir en nous jetant ce virus. Pour nous faire réfléchir et d’abord nous libérer de cette pensée criminelle qui les portent et ayant transformé nos sociétés et leurs ressources en GIE que les gangsters qu’ils sont se sont empressés de capturer.
Y a t’il le projet de tracé d’une autoroute ou d’un chemin de fer? La construction d’une nouvelle ville? En initiés, ils sautent et achètent les emprises foncières alentour pour mieux les valoriser.
Ca donne les litiges houleux avec les populations rurales ou autochtones comme celles qui sont en bras de fer contre le rapace Ngom dans la banlieue Dakaroise.
L’Etat, bluffé, est tombé dans leurs prestidigitations verbeuses. C’est ainsi qu’ils sont de tous les voyages officiels, sur notre avion, dit présidentiel, logés à nos frais; on oriente vers eux les packages financiers négociés pour le pays auprès d’institutions sérieuses, comme la Banque africaine de développement (Bad); et ils sont toujours les seuls, parmi la masse d’acteurs informels qui peuplent les commerces sénégalais, à être introduits auprès des investisseurs et bailleurs étrangers, que ce soit à Berlin ou Istanbul.
Ils servent souvent de prête-noms: ce sont, on vous la dit de crasseux truands, cyniques individus, d’une engeance envoyée sur terre pour les entraîner à leur séjour en enfer, par le Seigneur.
A les voir dans leurs boubous finement brodés ou dans leurs costumes dénichés à Via Venetto, sur les Champs Élysées ou la 5ème Avenue, qui va douter de leurs manières fort policées ? Le langage onctueux fait le reste. Il n’y a plus rien à discuter: on doit juste admettre qu’ils méritent leurs titres, qu’ils se sont eux-mêmes donnés: champions nationaux, porte-flambeaux d’un secteur privé national, et, mieux encore, en moteurs du développement national.
Les malins ont su s’inscrire dans la dynamique d’un discours d’enfumage à la mode dans un monde où, partout, on a fait croire que le privé, en réalité un conglomérat d’intérêts privés, sectaires et réduits, était mieux que l’état, diabolisé, présenté en symbole du gaspillage et de la lenteur. Le privé, à cette aune, méritait donc toutes les faveurs.
Futé
Le Club des Escrocs du Sénégal a été le plus futé pour reprendre à son compte cette légende.
Et pour mieux la raffiner, il s’est aussi transformé en entonnoir de la transhumance honteuse pour recycler tous ceux que le pouvoir d’Etat rêvait de mettre dans son escarcelle.
Abdourakhmane Diouf, le docteur, en est le prototype. Il a même failli faire pleurer le peuple sénégalais quand en mars 2019, au terme d’une élection frauduleuse, suivie d’un deal avec des figures loubardes de la scène politique devenue mafieuse, il avait annoncé son retrait du jeu qui s’y opérait afin de se consacrer au Club des investisseurs.
Le manège n’avait trompé que les naïfs. La transhumance émergente était évidente. Depuis, elle se donne à voir ad nauseam à travers une proximité plus que suspecte avec le camp qu’il honnissait naguère.
C’est donc l’évidence : le club des investisseurs n’est pas un projet national. C’est un espace où une bande, réunie autour d’idéaux mafieux, nourrit le rêve, à ciel ouvert, de faire main basse sur l’économie nationale.
Ce sont les oligarques sénégalais à l’image de ceux qui, dans une Russie sortie de l’ère communiste et sous le leadership éméché de Boris Yeltsin, ont été les bénéficiaires, dans les années 1990, des restes, pourtant riches, de l’ex-empire soviétique, d’où est née la Russie actuelle.
Il faut bien avoir en tête son logiciel et son disque dur, conçus autour de l’escroquerie, pour savoir pourquoi le Club des investisseurs se démène comme un beau diable pour défendre l’une des arnaques les plus graves de l’histoire récente du Sénégal: Akilee et son contrat léonin, signé en catimini, avec le criminel démasqué Makhtar CISSE.
187 milliards à se mettre dans la poche. Contre les intérêts de la nation et du peuple.
Pendant longtemps, quand ce scandale était détaillé, en scoop, ici-même, aucune voix ne s’était élevée des rangs du Club des investisseurs pour savoir de quoi cela retournait. Ni de ceux d’une opposition décidément mollassonne et peu curieuse, plus tentée par le thiompalisme que la manifestation de la vérité. Le pouvoir d’Etat, crapuleux, s’était porté absent.
Contrat scandaleux
Maintenant que les acteurs impliqués dans la mise à sac de la Senelec et l’incroyable enrichissement des acolytes rassemblés en Akilee, et que le contrat scandaleux est vu par tous, c’est, à la suite d’une partie des médias achetés, le moment que choisit le Club des investisseurs pour monter au créneau et défendre au nom d’une prétendue préférence nationale ce deal Akilee.
Ils ont oublié de dire que Victor Ndiaye, Vice Président du CIS n’est autre que l’un des grands actionnaires de Akilee dont le fondateur, Amadou LY, fut son employé qu’il avait envoyé en mission à la Senelec : plus malin, celui-ci en profita pour faire externaliser à son avantage l’achat de compteurs intelligents par la société.
187 milliards parsembleu ! Et voici, comme de minables répondeurs automatiques, que les membres du CIS s’agitent partout, publient des communiqués, et sont les défenseurs d’une escroquerie qui n’a pas fini de vider la nation de son sang.
Quelle différence avec ce qui s’était passé quand un scandale pareil s’était produit à la firme Enron aux USA. Bien que le patron de cette entreprise d’électricité fut alors un ami du président américain d’alors, Georges Bush-Fils, aucune faveur ne lui fut accordée. L’entreprise d’audit, Arthur Andersen, qui, comme KPMG, Wara et LY, l’ont fait pour la Senelec, est tombée en faillite. Elle était l’une des 5 grandes firmes d’audit au monde. C’est qu’aux USA, dans un pays où le capitalisme est une affaire sérieuse, toute magouille est proportionnellement punie. Pas au Sénégal.
Ken Lay, patron de Enron, fut mis aux arrêts. Il trouva la mort en prison. Sa firme tomba en banqueroute. Et le scandale qui avait pour but de tromper les marchés boursiers en relevant le niveau de Enron par les chiffres trafiqués déclencha une initiative parlementaire au Congres, notamment par le vote de la Loi Sarbanes-Oxley qui exige désormais la divulgation authentique et complète des comptes des entreprises cotées en bourse.
En lieu et place d’une telle démarche de transparence, c’est l’inverse qui se produit au Sénégal.
Tous se mobilisent pour enterrer le scandale Senelec et ses auteurs qui vont de Makhtar CISSE, Pape Demba Biteye, les membres du Conseil d’administration de la Senelec, beaucoup des cadres de la société, jusqu’aux bandits extérieurs, KPMG, Amadou LY, Victor Ndiaye, et les membres de la famille et le cercle des amis à cisse.
Qui sait, silencieux, le patron des voleurs, Macky Sall est le parrain de ces micmacs qui viennent s’ajouter aux tourments d’une nation définitivement déstabilisée. Pas seulement par la mauvaise gestion du Covid19.
Que le Club des dealers, qui inclut mais le transcende celui des escrocs investisseurs, le sache: cette histoire ne s’envolera pas avec la fumée de leurs fétiches verbales et de leurs louches accointances.
Le peuple sénégalais doit se lever pour combattre les criminels à col blanc qui l’ont pris en otage et s’enhardissent dans leur mission de privatisation pour leurs propres intérêts des biens tangibles et intangibles de la nation.
La pandémie actuelle est un moment pour en définir les modalités d’en finir avec ces virus humains pires que le corona…
* Adama Gaye, Le Caire 16 Mai 2020