L’exploitation commerciale du Bus rapid transit (Brt) a démarré le mercredi 16 mai 2024. Depuis ce jour, une communication intense est menée pour montrer le caractère innovant du projet, mais aussi la satisfaction des usagers. La parole est donnée aux Dakarois qui apprécient à la fois le confort et la rapidité, tout en apportant un bémol sur le prix. Il est vrai qu’en raisonnement mathématique, il est difficile de comprendre qu’on puisse faire payer 500 f à un client qui fait 18 km (Guédiawaye-Petersen) et 400 f à un autre qui fait moins de 5 km.
En outre, à peine le Brt a démarré qu’un chauffeur de camion a voulu donner un échantillon assez représentatif de ce qui sera la suite. En pleine nuit, le conducteur indélicat a voulu faire passer un camion remorque sur la voie du Brt. Mal lui en a pris, puisque le conteneur a décroché. Par son acte, il étale ainsi le risque d’indiscipline notoire qui pourrait être la principale menace sur le Brt. Depuis, beaucoup de Sénégalais s’indignent et appellent à des sanctions exemplaires. Soit !
Mais s’il faut relever les manquements, il ne faut pas se limiter à ceux des populations. Le Brt aussi mérite d’être interrogé, notamment en matière de respect des standards ou même du minimum sur la largeur des routes. Et sur ce point, il y a un fait à ne pas occulter. En effet, le Brt pose un véritable problème de circulation entre Liberté et le Pont Alioune Sow. Autrement dit, traverser Grand Yoff reste un véritable chemin de croix. Les voies réservées aux automobilistes sont extrêmement étroites. Le minimum en matière de largeur d’une route, c’est qu’un véhicule puisse dépasser un autre. Or, avec ces pistes, aucun véhicule, si petit soit-il, ne peut dépasser un autre. Même un tricycle ne peut pas dépasser un autre. Lorsqu’un bus de Dakar dem dikk se positionne, une bicyclette n’a pas où passer encore moins un scooter.
Aujourd’hui, il faut être impertinent pour le dire, car l’heure est à la célébration. Celui qui pose un tel débat est qualifié d’aigri, d’oiseau de mauvaise augure. Pourtant, le débat se posera un jour ou l’autre. Malheureusement, on attend de constater les dégâts pour agir. En effet, tôt ou tard, un véhicule tombera en panne et ce sera le blocage. Le problème, c’est que le Brt risque d’être affecté à son tour. A l’image du chauffeur de camion, certains tenteront de sortir du piège en empruntant la voie réservée au Brt. Sinon, la répercussion se fera sentir jusqu’aux intersections. Des bouchons vont se créer à ce niveau et le Brt ne pourra pas passer.
Mais à supposer même qu’il n’y ait pas de panne et que rien de particulier ne se produise, il n’est pas normal de faire des voies aussi étroites. Par endroit, on a droit à de vastes trottoirs et une chaussée qui fait à peine 3 mètres, comme si les lampadaires étaient des obstacles infranchissables. Après tout, le Brt avec ses 300 000 passagers par jour n’est qu’une goutte d’eau dans la mare des besoins de déplacement à Dakar. Il n’y avait pas lieu d’entasser tous ceux qui se déplacent à bord des moyens de transport en commun ou de véhicules particuliers, sans compter les motocyclistes.
En vérité, l’Etat n’a pas osé aller jusqu’au bout en prenant certaines maisons qui font partie des emprises du Brt. Peut-être pour ne pas renchérir le coût du projet. Seulement, cette solution minimaliste ne tardera pas à afficher ses limites. Il risque d’être un obstacle dans l’avenir.