Même si le Sénégal fait partie de la liste de pays qui ont abrité des sommets de la francophonie, le français est devenu une langue très peu parlée au Sénégal au profit de la langue de Kocc, le wolof. Peu de personnes arrivent à parler correctement un bon français. Khadija Bâ une jeune étudiante : «le fait de ne pas parler le français est une chose dangereuse pour les apprenants que nous sommes, parce que les cours se font en français, si l’utilisation de la langue wolof domine le français alors pourquoi la maintenir comme langue officielle».
Rencontré sur le chemin de l’école, un groupe d’élèves se prononce sur la question. Ils mettent du temps avant de désigner leur porte-parole : «Nous ne parlons pas français, à l’école on n’utilise la langue de Molière, juste quand nous posons des questions au professeur. Dans les classes antérieures, nous avions un symbole (collier fait avec un fil et un os) pour que les élèves puissent apprendre à parler le français».
Dans cette optique, un vieux qui préfère garder l’anonymat se désole de cette situation qui prévaut dans de nombreux établissements : «Nous l’ancienne génération, on n’avait beaucoup plus de chance, car on avait un enseignement de qualité. J’ai eu mon Cep dans les années 1960, et voilà jusqu’à présent je parle et écris un bon français. Il m’arrive d’écouter des étudiants parler le français. Je me demande, comment ils ont fait pour avoir le bac». Poursuivant toujours son raisonnement, le vieux d’ajouter : «Le mal est profond, les professeurs sont responsables ils doivent exiger le français aux élèves».
Non loin de notre précèdent interlocuteur, des jeunes filles revenant du lycée de Mbao donnent aussi leur avis. Hortense est la première à s’exprimer : «le professeur explique en wolof le plus souvent, alors je crois que ce n’est pas de notre faute». Sa copine coupe court à son opinion et déclare : «Nous avons aussi notre part de responsabilité dans ce phénomène. Nous devons apprendre à parler la langue officielle, c’est la langue utilisée dans les entreprises et les administrations».
En attendant que la donne puisse changer un jour, nombreux sont les élèves qui ne parlent jamais le français et qui traînent beaucoup de lacunes dans la langue dite officielle.