En votant la loi supprimant le poste de Premier ministre dans l’architecture institutionnelle, le dernier à occuper ce poste n’avait pas pour autant quitté le gouvernement.
En effet Mahammad Boune Abdallah Dione, celui qui se disait être le Baaye Fall de Maky a occupé un temps le stratégique poste de secrétaire général du gouvernement, gardant donc, toujours, cette proximité avec le Chef de l’Etat, mais surtout cette posture de fusible au profit du président qu’il revendiquait presque. Lui si prompt à monter au créneau pour défendre « son » Chef et sa majorité aussi bien pour les décisions impactant la vie sociale que celle de nos institutions.
A quelques encablures des élections locales de Janvier 2022, dans le tumulte des querelles internes et des disputes externes, l’absence de l’enfant prodige de Gossas se fait sentir au sein de la majorité présidentielle. L’absence de Mahammad Boun Abdallah est-il un handicap au régime de Maky ? Et comment !
Une absence qui fragilise le président Maky Sall……
Il lui faut quitter le navire …pour qu’on sache qu’il y avait un capitaine dans le bateau, est-on tenté de dire, tant l’absence de Boun Abdallah Dione est aujourd’hui ressentie par les troupes de Benno Bokk Yakaar.
On réalise qu’il ne devait pas qu’à son amitié et sa loyauté à Maky Sall, d’avoir été son Premier ministre, tête de liste de la majorité aux législatives de 2017, son brillant et tout aussi heureux directeur de campagne avec un score de plus de 58 % à la présidentielle de 2019. Non le monsieur a du talent et de la baraka ! Surtout de la gouaille pour en rabattre le caquet aux détracteurs du régime. D’ailleurs certains observateurs et des plus avertis ne manquent d’insinuer que sa mise à l’écart est stratégique dans l’attente des batailles décisives. Mieux il passe aux yeux de ceux-ci, comme celui qui pourrait être une sorte de régent, Khalife à la place du Khalife au cas où…
D’autant que son absence sur l’échiquier politique n’est en réalité qu’une si discrète présence. Les deux hommes nous dit on se parlent et se voient.
Peu de voix se sont élevées portant un réquisitoire à décharge puissant et argumenté contre les pourfendeurs du régime. Dans ce contexte ou les affaires défrayant la chronique affaiblissent le pouvoir, les responsables du régime sont aux abonnés absents. De l’affaire dite des passeports en passant par les cas Kilifa, Simon et Guy Marius Sagna et les pouvoirs exécutifs et judiciaires sont tous les deux voués aux gémonies par l’opposition républicaine…et une partie de l’opinion publique. Celle-ci ne demande qu’à être édifiée sur les tenants et les aboutissants des évènements. Là Mohammad Boun Abdallah Dione était prompt à faire feu de tout bois, et une certaine classe dans sa pédagogie de l’action politique en s’offrant à la vindicte à la place du chef. Or donc c’est le vide total en ce moment, si ce n’est quelques réactions inaudibles et étouffées dans la clameur de la charge. Lui anticipait et prenait le devant, protégeant ainsi son patron. A son absence, forcément Maky Sall est plus qu’exposé qui doit se prononcer pour des affaires…qui pourtant concernent la justice ! Seulement il faut bien que quelqu’un parle au peuple, surtout lorsque pèsent de lourds soupçons de connivence entre l’exécutif et le judiciaire. Et qu’un simple exposé du sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs suffisait à confondre les plus irréductibles. Que nenni !
Premier ministre, donc chef d’orchestre de l’exécution de la politique définie par le président, il expliquait avec cette même pédagogie le bienfondé des décisions du chef, tout en assurant la meilleure coordination possible et répondant devant l’opinion des impairs et réajustements souhaités.
Voici venu le temps des investitures pour les locales, avec son cortège de chocs des ambitions, des frustrations, des menaces de scission, des velléités de trahison et des défis Boun Abdallah manquer sans doute aux siens.
Et réduit l’efficacité de la communication du gouvernement
Dans ce contexte préélectoral, la majorité présidentielle a bien besoin d’une voix crédible, audible et pertinente afin de faire passer et respecter les consignes et mots d’ordres, de diffuser et faire adhérer aux éléments de langage de la coalition.
Toutes choses qui, malgré un porte-parole et une cellule de communication semblent être des faiblesses du régime en ce moment crucial. Ce n’est qu’un secret de polichinelle, le Chef de l’état est terriblement seul, et un fossé se creuse de jour en jour entre lui et son peuple, qu’il faut vite endiguer. Il urge d’expliquer ce qu’il fait et de valoriser ses réalisations. Et Dieu sait qu’il en fait chaque jour et que ses acquis sont nombreux. Par exemple il aurait pu se passer de dire lui-même ce que aucun chef d’état n’a mieux fait que lui pour Touba à Touba. C’aurait été plus impactant sorti d’une voix autre et autorisée ! Pour éviter le dicton bien de chez nous « Saabou dou foote bopam » !
Aujourd’hui aucune figure du gouvernement n’est perçue comme la voix du président. Aucune. Tous ceux qui étaient commis à la tache sont des ampoules grillées. Alors que le palais de l’’avenue Roume est truffée de plumes et de voix, pas des moindres, mais qui ont fini par être ankylosée par…le pouvoir et ses jouissances.
Elles ne demandent qu’être laissées là où elles sont. Un seul être vous manque….
Madior Salla