Le mutisme ou plutôt ce silence assourdissant du gouvernement sur l’interpellation de Bougane Guèye concernant le scandale des 98 milliards empruntés au nom du Sénégal et logés dans un compte privé par Mansour Faye, est-il un aveu de culpabilité ? Tribune

C’est tout comme, car ces accusations du leader de Gueum sa Bopp sont suffisamment graves et méritent une réponse, surtout de la part d’un régime qui prône la gouvernance sobre et vertueuse. Étant donné que la démocratie ne saurait s’accommoder de méthodes clandestines de gouvernement, le pouvoir est tenu d’éclairer la lanterne du peuple qui devra rembourser cet argent.

Qu’attend le gouvernement pour servir des explications et au besoin sévir après le scandale des 98 milliards éventé par le leader de Gueum sa Bopp ? Une question qui mérite réponses, car après de telles accusations, pas question que le gouvernement fasse le mort, d’autant qu’il s’est empressé de convoquer l’ancien Pm Hadjibou Soumaré, qui pourtant, n’a fait que poser des questions, alors que Bougane Guèye est dans l’affirmatif.

Après tout, les populations au nom de qui l’argent a été emprunté ont le droit de connaître la version du pouvoir concernant le prêt de 98 milliards destinés au Programme spécial de désenclavement logé au ministère des infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement. Car Bougane Guèye cite nommément Mansour Faye, qu’il accuse d’avoir logé cet argent dans un compte d’une entreprise privée.

Selon lui, le Sénégal «a emprunté 98 milliards de francs Cfa à une structure londonienne de financement, mais cet argent est logé dans les comptes d’une société privée anglaise du nom de Ascg Uk limited». Étant donné que les tenants du pouvoir ne cessent de crier sur tous les toits que le Sénégal est un pays de droit, qu’il est une démocratie majeure et tutti quanti, ils doivent par conséquent servir des explications aux populations, car la démocratie ne saurait s’accommoder de méthodes clandestines de gouvernement.

Et pour ce cas précis, le gouvernement a fait preuve d’opacité, selon Bougane Guèye, qui «persiste et signe» que ces 98 milliards ont été virés dans le compte de cette société privée à l’insu du ministère et des structures rattachées du ministère du Transport et des infrastructures. Donc aujourd’hui, c’est le Président Macky Sall, chantre de la gouvernance sobre et vertueuse, qui est directement interpellé, car 98 milliards volatilisés, ce ne sont pas des clopinettes. Comme il avait déclaré à l’endroit de tous ceux qui gèrent les deniers publics qu’il ne protègerait personne, il est tenu de sévir. En tant que président de la République, il doit activer tous les leviers, afin que l’on sache si effectivement l’argent public a été soustrait. Pire ! De l’argent que les populations devront payer sans pour autant en avoir bénéficié.

Maintenant, si les choses en restaient là, ce serait vraiment dommage, car confirmant que dans ce Sénégal de tous pour tous, il y a des privilégiés, pour ne pas dire des intouchables qui sont au-dessus des lois. Parce qu’on ne saurait comprendre que pour des faits moins graves, que certains soient envoyés au cachot au moment où des délinquants à col blanc se la coulent douce sans être inquiétés. Alors qu’ils sont la cause de nombreux préjudices qui plombent la bonne marche de la société.

Au vu des scandales financiers à répétition portant sur des milliards qui sont éventés presque chaque semaine, on ne peut s’empêcher de demander si nous sommes en face d’une Alliance pour la République ou d’une alliance pour le partage des ressources. Déjà que les auteurs du carnage financier opéré sur les fonds Covid risquent de passer à travers les mailles de la Justice, voilà encore 98 milliards qui risquent d’être passés par pertes et profits.

Finalement, tout cela ne fait que conforter ceux qui parlent de justice à deux vitesses. Et il temps de rompre avec de telles pratiques qui risquent de mettre en péril notre cohésion et notre commun vouloir de vie commune. Car, sans justice il ne saurait y avoir de paix. «Je n’ai pas besoin de paix. Ce dont j’ai besoin, c’est d’égalité de droit et de justice», déclarait le chanteur Jamaïcain Peter Mackin Tosh. À méditer !
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