Le parlement a suivi la volonté des députés libéraux de mettre en place une commission d’enquête parlementaire sur le Conseil constitutionnel. Au total 120 députés de Benno, Taxawu et Wallu ont adopté la résolution contre 24 de Yewwi Askan Wi.

Comme il fallait s’y attendre, le parlement a adopté la résolution mettant en place la commission d’enquête parlementaire sur le Conseil constitutionnel. Au total cent vingt députés ont voté la résolution. Il s’agit des parlementaires de Benno, de Wallu (Parti démocratique sénégalais) et de Taxawu Sénégal.

Le député Cheikh Tidiane Gadio a également voté la résolution. Il a dans sa prise de parole dit parler au nom des « spoliés » a été particulièrement dur contre le Conseil constitutionnel. Lui qui a estimé que les « spoliés » ont « subi les décisions arbitraires, absolument injustifiables du Conseil constitutionnel et de ses informaticiens ». Du haut du pupitre, le député Gadio a affirmé que « la liste des candidats publiée n’engage que ses auteurs » avant de prendre la défense de Karim Wade et d’Ousmane Sonko et de marteler l’impossibilité d’aller à la Présidentielle dans ces conditions.

« Ces élections sont entachées d’irrégularités et d’injustices », conclut-il. Le député Farba Ngom dont on a surveillé le vote a finalement abondé dans le même sens que ses camarades. Proche d’Amadou Bâ, nombreux le suspectaient de ne guère s’aligner sur ses camarades de parti. Il n’en a rien été. En vertu de l’article 3 de la résolution, la commission est, en principe, composée de onze membres comme le tipule l’article 32. « En principe », car le président de l’assemblée nationale, Amadou Mame Diop, a informé le parlement que le groupe parlementaire Yewwi a décidé de ne pas siéger au sein de la commission.

Ainsi, cette commission sera composée d’Abdou Mbow, Ibrahima Babayal Sall, Astou Ndiaye, Seydou Diouf, Cheikh Seck, Moussa Diakhaté, Mamadou Lamine Thiam, Saliou Dieng et Sira Ndoye Sall. Ces enquêteurs vont « informer l’assemblée nationale sur le bien-fondé des contestations qui jalonnent le processus électoral », comme en dispose l’article 2 de la résolution votée hier. La double nationalité de Karim Wade, objet, selon le Constitutionnel de l’invalidation de sa candidature s’est enrichie de nouveaux griefs portant sur « le processus électoral pour le scrutin présidentiel du 25 février 2024 ».

Le groupe Benno qui a justifié son vote par le souci de blanchir son candidat Amadou Bâ s’est toutefois abstenu, voire opposé à l’idée de report du scrutin. Le groupe parlementaire de Yewwi Askan Wi constitué de PASTEF et de PUR n’a pas voté la résolution, à l’exception du député Bara Gaye de Yeumbeul. Au total vingt-quatre députés de Yewwi ont rejeté la résolution. C’est Guy Marius Sagna qui en a donné le ton a estimé que cette commission d’enquête parlementaire n’a pas plus de dignité que les huit commissions dont il a demandé la mise en place sans succès. En plus, l’opposition a dénoncé l’article 1er de la résolution qui estime que « le champ d’intervention de la commission peut aller jusqu’à la proclamation des résultats », comme l’a soutenu Ayib Daffé. En tout cas, Karim Wade lui exulte déjà. « Nous avons remporté une première victoire décisive contre le coup d’État électoral.

D’après le journal Point Actu, l’Assemblée Nationale a approuvé la création d’une commission d’enquête pour examiner les circonstances de mon élimination injuste, ainsi que celle d’autres candidats, de l’élection présidentielle du 25 février 2024. C’est une avancée majeure pour prévenir le chaos et sauvegarder la démocratie au Sénégal », a-t-il soutenu sur X. « Notre prochaine lutte est le report de cette élection présidentielle, qui s’apparente à un simulacre », a-t-il déclaré.

Le fils de l’ancien président Wade a fait de nouvelles exigences à savoir « l’instauration d’une Cour Constitutionnelle véritablement indépendante avec des juges impartiaux, honnêtes, et dévoués aux intérêts de notre nation, à l’image des grandes démocraties de ce monde. Chaque citoyen sénégalais devrait pouvoir se tourner vers cette cour pour défendre ses droits ». Il crie ensuite au scandale et à l’injustice et dit attendre « avec impatience les conclusions de la commission d’enquête ».

Cette commission va, justement, bientôt se réunir pour se choisir un bureau composé d’un président, d’un viceprésident et d’un rapporteur. Ils ont six mois au plus pour livrer les résultats de leurs investigations. Il faudra, cependant, surveiller le parquet où le juge conseiller Cheikh Ndiaye a porté plainte contre ceux qui l’accusent de corruption. Si, en effet, le procureur se saisit de la plainte, la commission d’enquête est tenue de se saborder.