Pendant qu’au Sénégal les autorités rivalisent d’insolence inondant l’espace public de cette bave si nauséabonde, en Côte d’ivoire et au Mali, l’actualité met en exergue deux Présidents pris au dépourvu pour avoir perdu de vue une réalité, somme toute, assez banale. Alassane Ouattara est désormais assuré que seuls les plans de Dieu sont immuables, Ibrahima Boubacar Keita vient de comprendre qu’on ne peut gouverner contre la volonté du Peuple souverain. Ce qui se passe dans ces pays très proches du Sénégal devrait inciter les gouvernants à plus de retenue, à moins d’insolence. Seulement, ce serait compter sur Macky SALL qui a choisi de marcher sur les pas du Maréchal Déby.
« Les paroles s’envolent, les écrits restent ». L’auteur de cette assertion n’a visiblement pas pris en compte le Sénégal. Dans ce pays, tout s’envole, rien ne reste. Maintenant, c’est la compilation CISSE LO, le tube de l’été réservé aux plus de 18 ans, qui ravit la vedette aux autres sujets, notamment le « noggatu » de Babacar NGOM sur les paysans de Ndengler et Djilakh. Il n’y a pas longtemps, en février 2015, c’est Me Abdoulaye WADE qui était au-devant de l’actualité pour avoir traité Macky SALL de sorcier. « C’est un descendant d’esclaves. Les villageois l’ont sorti de là-bas. Il n’était pas sorcier, mais ses parents étaient anthropophages. Ses parents mangeaient des bébés et on les a chassés du village. C’est progressivement qu’ils ont commencé à fréquenter les êtres humains normalement », avait déclaré Me Abdoulaye WADE. Et l’ancien président de la République d’ajouter : « Vous savez si un enfant est impoli, il entendra conter les circonstances de la circoncision de son père. C’est à dire que tu entendras des vérités que tu n’aurais pas voulu entendre. On aurait pu vivre jusqu’ à la fin du temps sans que personne ne soit au courant, mais je le dis. S’il veut, il peut m’enfermer mais c’est ça la vérité. Ceux qui sont propriétaires de la famille de Macky SALL sont toujours là, vivants. Il sait que c’est leur esclave. Je le dis et je l’assume parce qu’on ne peut pas toujours cacher les vérités ». Des propos choquants qui n’ont pourtant résonné dans les oreilles des Sénégalais que le temps d’une rose. Me WADE qui les avait tenus sera triomphalement accueilli quelques mois plus tard quand il revenait au Sénégal pour diriger la campagne électorale des élections législatives qui ont positionné son parti comme la première force politique de l’opposition.
Au Sénégal, la matière a cessé d’être grise depuis que le dithyrambe est sorti de l’apanage des griots et c’est parce que tout s’envole qu’on en est arrivé à oublier ce qui s’est passé avant-hier. Décidé à ne laisser aucune chance à ceux qui pourraient lui faire de l’ombre, le leader de l’APR s’entoure et s’accommode d’hommes et de femmes limités à tout point de vue. Lui qui souffre d’une carence notoire de charisme, voudrait avoir à ses côtés des sots et des ignares ou à défaut, d’intellectuels à la crédibilité largement entamée. Avec le régime de Macky SALL, c’est la consécration des cancres et des vieux insolents. Pour continuer à trôner à la tête de l’Assemblée nationale, Moustapha NIASSE avait décrété la poursuite du compagnonnage de l’AFP avec Macky SALL. Aux mécontents de son parti qui en trouvaient à redire, il avait alors servi des insultes à foison. « J’ai signé un accord avec Macky SALL. Et je le dis ici, aucun ambitieux, aucun imbécile, aucun salopard, ne peut détruire ce qui me lie à Macky SALL…», avait-il lancé. Dans notre dernière chronique, nous avons fait cas de Souleymane jules DIOP qui a insulté tout le Sénégal avant d’être reçu avec les honneurs par Macky SALL qui en fit, par la suite, son chargé de communication. Moustapha CISSE LO, qui s’est révélé aux Sénégalais pour avoir dégainé une arme à feu en pleine réunion des conseillers régionaux de Diourbel, d’où son surnom « El Pistolero », n’a, depuis, cessé d’offenser les Sénégalais. Ses insultes, visant Ousmane SONKO, n’avaient guère dérangé la bien-pensance sénégalaise. Et même s’il a langue bien pendue, il est loin d’être un cas isolé. D’ailleurs, ce qu’Abdou Karim SALL a fait est hautement plus insolent que sa compilation d’injures sortie au temps voulu comme ferait n’importe quel musicien. Abdou Karim SALL le bourreau de l’Environnement, le ministre aux souliers en diamant que la terre ne souille pas, même quand il plante un arbre. Alors qu’il n’était que directeur, il a poussé son outrecuidance au point de se pointer, en plein scrutin référendaire, devant les locaux du groupe Wal Fadjri pour, disait-il, arrêter le signal. Maintenant qu’il est ministre, qu’est-ce qu’il ne se permettrait pas ?
Si les gouvernants peuvent compter sur l’amnésie collective, ce qui se passe non loin du pays devrait les inciter à plus de retenue, à moins d’insolence qui n’est pas que verbale. Ibrahima Boubacar Keita, dont la réélection n’est pas moins régulière que celle de Macky SALL, est aujourd’hui dans un tourbillon qui lui coutera bien des plumes après avoir balafré le Mali. Pour avoir refusé d’entendre les nombreuses voix lui rappelant la souveraineté du peuple malien, il a précipité son pays dans les ténèbres. Ce qu’il rechigne à leur donner, les Maliens sont en train de le lui arracher. Le Mali habitué aux luttes n’est certes pas le Sénégal où les joutes verbales prennent souvent le dessus, mais pour avoir dans le passé formé un même Etat, les deux peuples ont bien des similitudes. En Côte d’ivoire, c’est un Alassane Ouattara qui croyait avoir une mainmise sur l’avenir qui est pris au dépourvu. « Il est des fois où la réalité dépasse la fiction. Amadou Gon Coulibaly n’était pas seulement le chef du gouvernement ivoirien. Intime du chef de l’État, indispensable compagnon de route depuis 30 ans, il devait devenir, en octobre prochain, le prochain président. Voilà des mois qu’Alassane Ouattara (ADO) préparait l’avenir pour ce fidèle parmi les fidèles. Ce ne pouvait être qu’à lui qu’il céderait le pays. Il était “un Alter-ADO” », écrit le quotidien burkinabé « Aujourd’hui au Faso ». Maintenant que ses plans se sont retrouvés au fond de l’eau, Alassane Ouattara, qui a démoli tout le monde pour son poulain, se retrouve coincé poussant certains à augurer son reniement. Ainsi, la mort d’Amadou Gon Coulibaly pourrait entrainer celle de beaucoup d’autres Ivoiriens, parce qu’un Président a oublié qu’il ne décide pas de tout.
Au Sénégal, Macky SALL catalyse ce qui est reproché à la fois à Ibrahima Boubacar Keita et à Alassane Ouattara. Dans les habits du maréchal Déby, loin d’écouter les complaintes de ses compatriotes, il manœuvre, balisant un chemin menant assurément à la catastrophe. A moins que Dieu vienne, Lui-Même, sauver le Sénégal.