La CEDEAO acte officiellement le coup d’État au Niger, 4 mois et demi après que des militaires ont renversé le président Mohamed Bazoum, le 26 juillet. Dans un communiqué publié 4 jours après le sommet des chefs d’État de la Cédéao à Abuja dimanche 10 décembre, l’organisation régionale apporte des « clarifications », en réponse aux critiques du CNSP nigérien avec qui l’organisation veut engager des discussions. Une délégation de l’organisation régionale a d’ailleurs été reçue ce jeudi par les autorités.

« Le sommet du 10 décembre a reconnu que le gouvernement de Mohamed Bazoum avait été effectivement renversé par un coup d’État militaire », affirme la commission de la Cédéao dans son communiqué.

Selon l’organisation régionale, jusqu’à dimanche dernier 10 décembre, la conférence des chefs d’État et de gouvernement considéraient Mohamed Bazoum, qui n’a toujours pas démissionné, comme le président du Niger, les membres de son gouvernement pouvaient donc représenter le pays aux réunions statutaires.

Désormais, le coup d’État est officiellement acté, le Niger, suspendu des organes de décision de la Cédéao jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel.

La Cédéao répond ainsi aux critiques du CNSP, dont le porte-parole a exprimé l’indignation, en raison de la participation au sommet de membres du gouvernement de Mohamed Bazoum. Une provocation, selon lui, « de nature à saper tout effort pour trouver une solution diplomatique et négociée à la situation politique actuelle ».

Une délégation à Niamey

L’institution semble donc vouloir normaliser ses relations avec le Niger. La Cédéao a d’ailleurs désigné dimanche un comité pour engager des discussions avec le CNSP.  Et une délégation de la médiation mandatée s’est rendu ce jeudi à Niamey, composée notamment du Togo, représenté par son ministre des Affaires étrangères. Les envoyés de l’organisation régionale ont eu une séance de travail avec le Premier ministre nigérien, Lamine Zéine Mahamane.

La durée de la transition au Niger a été au centre des discussions. Les envoyés de la Cédéao ont déclaré à la fin de la rencontre que le travail effectué est « une avancée ». Rien d’officiel pour le moment, mais d’après nos informations, la junte nigérienne qui annonçait au début une transition d’un peu moins de trois ans ne serait pas contre une transition beaucoup plus courte. C’est également le sentiment des médiateurs de la Cédéao qui s’apprêtent à aller rendre compte de leur visite au président en exercice de l’institution régionale, le Nigérian Bola Tinubu.

Le sort du président Mohamed Bazoum est également une préoccupation pour la Cédéao. Sur ce point également, les lignes seraient en train de bouger. En janvier prochain, le Niger devrait présenter comme demandé lors du dernier sommet d’Abuja un chronogramme claire et les actions à mener devant conduire à la fin de la transition.

RFI