Dans la ville industrielle de Blackburn, au nord-ouest de l’Angleterre, les témoignages de solidarité envers la communauté musulmane ne sont ni rares, ni synonymes d’hérésie. Ils ne valent à ceux qui les manifestent publiquement aucune chasse aux sorcières, et encore moins d’être cloués au pilori sous le qualificatif très usité en France, où il sonne comme la pire des insultes : « islamo-gauchistes » !
Ces belles marques de soutien, qui s’expriment particulièrement durant la célébration du mois de Ramadan, prennent souvent la forme de l’observation d’un jeûne éphémère, mais à forte charge symbolique. Un jeûne aux multiples bienfaits, qui a l’art de chasser toutes les toxines, y compris le poison de l’ignorance et des préjugés…
Cette année encore, et aujourd’hui encore plus qu’hier, faire une diète engagée, fraternelle et salutaire, de l’aube jusqu’au coucher du soleil, en se tenant résolument aux côtés de leurs concitoyens musulmans, a constitué un devoir moral pour plus de 1 000 habitants non musulmans de Blackburn.
Dans un royaume britannique qui bat l’effroyable record européen de mortalité liée au Coronavirus (plus de 31 000 décès), l’appel à jeûner pendant une journée lancé par Abrar Hussain, le président de l’organisme de bienfaisance One Voice, a eu une forte résonance à l’échelle locale. Pour sa plus grande satisfaction, son exhortation à faire cause commune et à resserrer les liens, sous la bannière « Je ne suis pas musulman, mais je jeûnerai pendant une journée », a pris tout son sens en ces heures sombres.