Serigne Abdou Samad Mbacké Sonhibou, en sa qualité de résident de la ville sainte de Touba et de talibé de Serigne Touba, se permet de prendre sa plume pour faire une analyse profonde de deux problèmes majeurs que vivent au quotidien, les habitants et les talibés de Cheikhoul Khadim de passage dans la ville sainte de Touba.

Permettez-moi à l’entame de mes propos, de rendre un hommage appuyé et de réitérer mon allégeance à Serigne Mountakha Mbacké Bassirou, Khalife Général des Mourides et de lui souhaiter une longue vie pour qu’Il puisse réaliser toutes ses ambitions pour la Communauté Mouride, en particulier le projet de l’Université Cheikhoul Ahmadou Bamba que le Saint Homme avait tant souhaité qu’il soit érigé dans sa ville de Touba.

Deux problèmes d’une haute importance gangrènent actuellement notre ville sainte, à savoir:
L’insécurité
Les problèmes à l’assainissement et l’adduction en eau potable

Force est de constater que le problème sécuritaire a toujours existé à Touba où des agressions nocturnes étaient constatées. Depuis un certain temps, la recrudescence des violences physiques, des braquages armés, des meurtres a atteint un niveau extrêmement élevé et dangereux. Des actes de barbarie d’une violence inouïe sont perpétrés de jour comme nuit, au vu et au su de des populations impuissantes et abandonnées à leur sort. Les couches les plus vulnérables composées des femmes, des jeunes, des ndongos sont fortement exposées et un sentiment d’insécurité générale règne actuellement dans la ville sainte. Cette absence totale de sécurité commence à prendre des proportions inquiétantes qui nous interpellent tous.

La ville de Touba est habitée à cette date, par pas moins de deux (2) millions de personnes sans compter le flux important de fidèles qui séjournent temporairement dans la ville.

La sécurité de ces personnes et de leurs biens incombe à l’Etat qui est le garant de la sécurité intérieure. L’Etat a certes déployé un dispositif sécuritaire porté par la gendarmerie nationale à Ngabou, à l’entrée de la ville sainte. Ces dispositifs mis en place sont insuffisants et ne sont pas en adéquation avec la taille, le prestige et la dimension démographique et spirituelle de la ville sainte.

Je préconise fortement que cette présence salutaire de la Gendarmerie à l’entrée de la ville située à Ngabou, soit dupliquée dans les différentes voies d’entrée de la ville à savoir Darou Rahman, la route venant de Darou Mousty, Celle venant de Dahara Joloff. Le quadrillage des quatre entrées et sorties de la ville sainte de Touba, avec un nombre important d’escadrons de la Gendarmerie nationale dotés de moyens humains et matériel suffisants, fera baisser de manière significative, l’insécurité qui règne actuellement et cela permettrait d’éviter que les malfaiteurs viennent se réfugier à Touba. Ces malfaiteurs sont potentiellement la source de tous les faits de violences, crimes, agressions qui font foison dans la ville sainte.

Le travail de la gendarmerie se limitant à l’extérieur de la ville, la Police Nationale devrait travailler davantage à sécuriser l’intérieur de la ville de Touba. Des postes de police devraient être érigés dans tous les grands quartiers de la ville, avec un nombre important d’éléments dotés de moyens matériels et logistiques pour qu’ils puissent se déplacer dans les moindres coins et recoins de la ville afin d’endiguer les faits de violence et de troubles. La méthode expérimentée et appliquée durant la période d’état d’urgence pour lutter contre la pandémie du coronavirus, devrait être continuée, car l’insécurité est semblable à une maladie qui ronge actuellement les fidèles talibés mourides qui ont choisi d’habiter et de travailler dans la ville sainte de Touba.

Notre seule espoir d’endiguer ce fléau qu’est l’insécurité repose sur l’Etat, car lui seul dispose des moyens nécessaire pour arriver à bout de ce problème qui préoccupe l’ensemble des dignitaires et des talibés mourides. La population se sent faible, vulnérable et abandonné face à cette recrudescence de la violence.

Guidés par leur foi et leur espoir placé en la Personne du Saint Homme, les talibés mourides ont quitté leurs villes d’origine pour venir s’installer et travailler dans la ville de Touba. Cette espoir ne devrait nullement être mis en cause par l’insécurité qui y sévit.

Nous sollicitons davantage l’appui de l’Etat qui dispose de moyens pour venir à bout de ce problème d’insécurité que nous subissons au quotidien.

L’autre problème essentiel auquel les populations de Touba sont confrontés est lié à l’assainissement et à l’adduction en eau potable.
En effet, les inondations et les eaux stagnantes autour de la grande Mosquée de Cheikhoul Khadim et un peu partout dans la ville sainte, ont été constatées. Certaines zones de la ville sont inaccessibles en certaines périodes. A soixante-douze (72) jours du grand Magal de Touba qui sera célébré cette année en plein hivernage, aucune action de l’Etat n’est visible pour résorber ce déficit en assainissement d’eaux pluviales.

L’accès en eau potable est un problème d’une importance capitale car de plus en plus de quartiers de la ville de Touba n’ont pas accès à l’eau en quantité et en qualité suffisante.

« Touba Sa Kanam » demeure aujourd’hui une référence dans la prise en charge des préoccupations de la communauté mouride, avec divers domaines d’intervention pour essentiellement, le bien être des talibés mourides. Ils consentent à faire des efforts considérables pour lutter avec leurs moyens limités contre le problème de l’assainissement à Touba ; il en de même pour l’accès à l’eau potable.

L’ensemble de la communauté mouride doit s’atteler à renforcer les moyens de « Touba sa Kanam » et ainsi appuyer le Khalif Général des Mourides à disposer de moyens de financement de ses projets dans le domaine de la santé, du social, de l’éducation, de l’assainissement,….

Nonobstant les cotisations actuelles de 1.000 FCfa par mois, je préconise que chaque mouride puisse consentir une cotisation supplémentaire de 500FCfa par mois soit 6.000 FCfa par an qui seraient exclusivement dédiés à l’assainissement et à l’adduction en eau potable pour la ville sainte de Touba. Cette cotisation supplémentaire est à mon avis, à la portée de chaque mouride quelle que soit sa position sociale. La foi et la croyance en Serigne Touba susciteront chez les mourides, cette envie de travailler pour le Saint Homme et pour eux-mêmes, avec une amélioration conséquente de leur cadre de vie.

Cette contribution supplémentaire de cinq cent (500) FCFA, rapportée à trois (3) millions de mourides, générerait la somme de dix-huit (18) milliards FCFA par an, mis a disposition du Khalif Général des Mourides et exclusivement consacrés aux problèmes liés à l’assainissement et à l’adduction en eau potable.

Tout cet écosystème et cette architecture seront sous la supervision et le pilotage de « Touba Sa Kanam » aidé par les techniciens de MAOU qui collectera les fonds et maître d’oeuvre de cet important projet.

Ces dix-huit (18) milliards FCFA collectés annuellement par les soins de « Touba Sa Kanam », avec un budget de quinze (15) milliards exclusivement dédiés à la construction de routes aux normes, avec assainissement, éclairage public, panneaux de signalisation, trottoirs. A titre indicatif, un (1) kilomètre de route à l’instar de ce qui se fait au Maroc ou en Afrique du sud, coûte en moyenne un (1) milliard. Quinze kilomètres de route pourraient être ainsi réalisés chaque année dans la ville sainte. Avec ce modèle économique, en dix (10) ans, la ville sera entièrement dotée de routes praticables .

Les trois (3) milliards restant permettront d’accroître l’adduction en eau potable dans la ville sainte, en garantissant une eau potable en qualité et en quantité suffisante.

Tout cela ne dispensera pas l’Etat de ses obligations envers la ville de Touba, mais les talibés mourides à l’image de notre vénéré Guide, Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké avec le travail qu’Il a accompli malgré l’hostilité des colonisateurs, avec l’ensemble des talibés avec la construction de la ligne du chemin de fer essentielle aux travaux de la Grande Mosquée de Touba, devront prendre en charge ce problème et l’Etat suivra forcement derrière.

La communauté mouride a toujours eu le courage de porter à bras-le-corps ses problèmes et d’y apporter des solutions concrètes sous la houlette de nos vénérés Khalifes Généraux tels Serigne Mouhamadou Fadel, Serigne Abdou Ahad, Serigne Abdou Khadre, Serigne Salihou, Serigne Mouhamadou Lamine Bara, Serigne Sidy Mouhtar et Serigne Mountakha.

La crédibilité, l’expérience et le savoi- faire de « Touba Sa Kanam » devront être mis à profit pour que la Communauté Mouride puisse disposer d’une ville avec tous les moyes nécessaires à un épanouissement physique, sanitaire et spirituel.

Ces quelques mots pensés et écrit par mes soins visent seulement à donner des pistes de solutions et travailler exclusivement à la réalisation des vœux du Saint Homme, qui était de faire de Touba une des plus grandes villes du Monde.

Puisse Dieu faciliter la compréhension de mes écrits, car la principale motivation demeure notre ville de Touba.

Serigne Abdou Samad Mbacké Sonhibou