Décédé avant-hier à l’hôpital Principal de Dakar des suites d’une maladie, le Président-fondateur du Groupe Sud Communication repose désormais au cimetière de Touba. La presse, dans son ensemble, lui a adressé hier, son dernier au revoir, lors de la levée du corps.

C’est une ambiance de tristesse qui prévaut à la rédaction de Sud-Fm à Sacré-Cœur, ce lundi 27 juillet 2020, au lendemain du rappel à Dieu de Babacar Touré. L’endroit grouille de monde. Journalistes, animateurs, invités viennent apporter leur témoignage au défunt patron de presse qui, de son vivant, s’est distingué dans son art. Hormis la conversation avec la voix rauque du réceptionniste avec un vigile, un silence de cathédrale règne sur les lieux. La rédaction centrale qui se trouve au deuxième étage est vidée de son monde. L’ambiance est morose et triste. Seuls, les responsables sont sur place en train de faire le travail de coordination. Depuis avant-hier, jour de disparition de leur Pdg, ils n’ont pas fermé les yeux. La fatigue et le sentiment de la perte d’un être cher se manifestent malgré le masque.

La rédactrice en chef a les yeux rouges et bouffis. «Nous sommes fatigués parce qu’on a passé la nuit à la rédaction à prendre des réactions pour alimenter les éditions de ce matin. Aujourd’hui également, on est à la rédaction depuis 5 heures du mat’ pour faire les directs et prendre les réactions. Actuellement, toute l’équipe est sur le terrain. Les correspondants appuyés de quelques éléments de Dakar sont à Touba pour les besoins de l’inhumation», renseigne Ndèye Marème Ndiaye, le trémolo de la voix, qui assure les fonctions de Rédactrice en chef de la radio Sud Fm.

«Il n’interférait pas dans la rédaction»

Parlant du défunt, elle précise : «C’est avec une grande tristesse que l’on a appris le rappel à Dieu du Président directeur général du Groupe Sud Communication. C’était un pionnier de la presse privée. Il a beaucoup œuvré pour une presse libre, l’avancement de la démocratie. Nous, de la jeune génération, il va forcément nous manquer. Nous ne l’avons pas bien connu mais nous retenons de lui un professionnel, une personne multidimensionnelle quelqu’un qui a beaucoup œuvré pour l’avancement de la presse sénégalaise. Même si on n’a pas cheminé ensemble, nous avons retenu beaucoup de chose de Babacar Touré. Il n’a jamais appelé à la radio pour dire prenait telle ou telle autre personnalité». «Il n’interférait pas dans la rédaction. Mais si on faisait des coquilles ou fautes professionnelles à l’antenne, il tenait personnellement à nous appeler ou à appeler le directeur général de la radio pour recadrer untel journaliste. Il était regardant et nous suivait de près. Il était toujours à nos côtés et nous prodiguait des conseils», témoigne la Rédactrice en chef de Sud-Fm qui avait à ses côtés le Directeur technique de la première radio privée du Sénégal.

Babacar Touré, initiateur du journal en wolof

Également frappé par la douleur, Alioune Badara Cissé qui a cheminé depuis le début de l’aventure Sud Fm a également été envahi par la tristesse. Et cela se manifestait sur sa voix diluée par le masque rouge du Coronavirus. «Comme Sidy Lamine Niass, Babacar Touré fait partie des pionniers de la presse. Il a œuvré pour que la presse se développe. Il a fait que la langue wolof soit prise en compte. A l’époque, il y avait que des brèves pour le wolof. Avec Sud, il y a une révolution du journalisme avec l’introduction du journal en wolof. Ils ont même coatché Mme Wade à parler wolof. C’est un pionnier de la presse. C’est le monde de la presse qui perd parce que des hommes comme Babacar Touré, Sidy Lamine Niass… qui disparaissent c’est la nouvelle génération qui va en pâtir», témoigne Alioune Badara qui est à Sud Fm depuis 1996. Il rappelle, «l’année dernière lors de la célébration de la 25 ème anniversaire de Sud Fm, ce jour là il avait prononcé un discours fleuve. Il avait parlé durant une bonne heure. Il avait prodigué des conseils à la jeune génération. Lorsqu’il est parti, on a su que cet homme balisait le terrain pour ses successeurs. Il avait un regard sur ce que nous faisions». A SudQuotidien, on n’a pu accéder à la rédaction. Avec la pandémie du Coronavirus, c’est le télétravail qui est encore de rigueur. Reporter au Desk politique de Sud Quotidien, Jean Michel Diatta qui est de la jeune génération de reporters de Sud ne connaît pas le défunt pour apporter un témoignage. «Durant tout le temps que j’ai passé à Sud, je ne l’ai jamais vu», renseigne Jean Michel.

Magib GAYE