Le Mémorial Bateau Le Joola a été inauguré, ce mardi à Ziguinchor. L’ouvrage devra servir d’un “veilleur aux aguets pour des comportements toujours plus responsables” afin que l’une des plus grandes catastrophes maritimes de l’histoire ne se reproduise plus. Le Premier Ministre Amadou Ba a estimé que l’enjeu permanent consiste à tirer les bonnes leçons. Dans l’effort et la rigueur, Amadou Ba a appelé à une mobilisation plus responsable pour une citoyenneté exemplaire.

In extenso, l’intégralité du discours du Premier Ministre, Amadou Ba

Monsieur le Ministre de la Culture et du Patrimoine historique
Mesdames, messieurs les Ministres
Monsieur le Gouverneur
Monsieur le Préfet
Honorables députés
Honorables hauts conseillers
Honorables membres du Conseil économique, social et environnemental
Monsieur / Madame le Représentant du Maire de Ziguinchor
Messieurs les Présidents de Conseil départemental
Mesdames, messieurs les maires
Monsieur le Directeur général de EIFFAGE Sénégal
Madame, Monsieur les Responsables du Cabinet d’architecture Archi Design &Ass
Mesdames, messieurs les directeurs et chefs de service
Monsieur le Président de l’Association des Familles des Victimes
Monsieur le Président de l’Association des Rescapés
……………….
Chers invités
Mesdames, Messieurs

Nous voici réunis aujourd’hui, ici à Ziguinchor, pour un geste insigne de recueillement et de mémoire. Je suis avec, en ces instants de souvenir douloureux, au nom de Son Excellence, Monsieur Macky SALL, Président de la République, dont je vous apporte les salutations distinguées et les mots émus. Il vous dit qu’il est avec vous, qu’il ne cesse de penser à vous, parents et amis disparus, ceux d’ici et d’ailleurs, tous réunis en ce moment par un devoir de témoignage et des marques indélébiles d’affection. Je sais l’émotion qui parcourt nos corps et se saisit de nos cœurs.

Je sais le poids des jours qui passe sans les nôtres malgré le nombre d’années écoulées. Je sais.
Croyant à la puissance miséricordieuse du Créateur, le Président de la République nous invite à continuer de prier pour le repos éternel des nôtres absents physiquement, mais plus que présents dans nos mémoires vives comme il le il le disait récemment à Fatick citant Birago Diop « les morts ne sont morts. Ils sont dans l’eau qui coule. Ils sont dans l’eau qui dort. Ceux qui sont morts ne sont jamais partis. Ils prient avec nous pour le retour de la paix définitive. Prions pour que la paix définitive soit avec eux, pour que le Dieu continue de répandre sur eux ses faveurs et sa grâce.

Chers Compatriotes, chers parents et amis des disparus d’ici et d’ailleurs

Le tragique événement du bateau Le Joola a fortement marqué l’histoire de la navigation au Sénégal. Le Joola n’était pas qu’un simple moyen de transport commode. Il était le symbole vivant d’une Nation une et indivisible. Il était un pont au-dessus des eaux, porteur d’un message de paix qui rend possibles les passages et les rencontres. Il est l’illustration de la continuité territoire du Sénégal.Ce problème de continuité territoriale que le Président a définitivement réglé avec le Pont de Farafegny en plus des bateaux et des avions.

Le MFDC avait apporté une mauvaise réponse une vraie question (enclavement). Le Président Sall a apporté la bonne réponse à la vraie question avec le désenclavement devenu une réalité comme le retour de paix car ici en Casamance où plus que le sentiment de sécurité règne un sentiment de paix. Le bateau Le Joola avait fait naître un rituel, des voix, des gestes et des habitudes qui ont produit, autour du navire, une humanité singulière, conviviale. A son bord, vivait, le temps de la traversée, un peuple multinational. En somme, Le Joola était le reflet de l’ouverture de notre pays aux cinq continents, un navire-monde en un mot.

Voilà pourquoi, le 26 septembre 2002 est un cauchemar, un jour perlé de larmes et de souffrances, une blessure qui nous habitera pour toujours. Mais cette journée de deuil a révélé aussi combien le Sénégal était une grande nation qui sait, aux heures tendues de l’histoire, manifester à la face du monde, ses valeurs de solidarité, de cohésion et de fidélité à sa magnifique devise : un peuple, un but, une foi.

C’est ce qui explique notre capacité de nous souvenir, la force vive de notre mémoire. J’ai dit « mémoire», car s’est érigé un Mémorial, ce Mémorial voulu par tous, voulu par notre conscience historique alerte et vigilante, ce Mémorial pensé dans un élan inclusif, et réalisé par le Président Macky SALL qui demeure encore plus à l’histoire du JOOLA qui, des abysses de l’océan, émerge sur le continent, sur cette terre attachante de Ziguinchor, sur ce port de toutes ses aventures.

C’est le lieu de dire, pour s’en féliciter et féliciter les acteurs, la part infinie des Associations des familles des victimes et des rescapés, que la douleur a gonflé d’énergie, dans la concrétisation de ce projet. Elles ont surtout contribué à accompagner l’État à mieux les accompagner dans l’acceptation et le dépassement des douleurs et, parce qu’ils sont les plus sensibles, dans la prise en charge des enfants. Je leur rends solennellement hommage, au nom du Chef de l’Etat, au nom de la Nation sénégalaise.

C’est l’occasion aussi de remercier, au nom du Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky SALL, les autorités gambiennes qui n’ont ménagé aucun effort pour l’aboutissement de ce projet et saluer l’engagement des autorités administratives qui ont rivalisé d’ardeur pour sa réussite.

Je félicite les dirigeants et les travailleurs de l’entreprise EIFFAGE Sénégal et du Cabinet d’architecture Archi Design &Ass pour la qualité de cette œuvre mémorielle, debout pour faire vivre les morts, debout pour témoigner de notre capacité de résilience, debout pour dire que les « morts ne sont pas morts », pour dire qu’ils sont avec nous, que nous les aimons d’un amour indestructible.

Le Mémorial, en souvenir du drame et des victimes, sera une célébration de la vie sur les injonctions permanentes de ceux qui ont disparus pour marteler encore et toujours «plus jamais ça !».

Ce Mémorial donc nous aidera à vivre dans la conscience de la nécessaire préservation des valeurs qui sauvent des peurs et qui encouragent les actions pensées, ordonnées, rigoureusement évaluées au bénéfice de la communauté. L’enjeu permanent, c’est de tirer les bonnes leçons et de mettre en pratique ces leçons prescrites, les recettes élaborées. Car c’est sur l’homme sénégalais qu’il faut agir pour aider à sa « mobilisation » dans l’effort et la rigueur, dans le choix de vie responsable. Puissent la force de cette mémoire et le symbole vivant de celles et ceux qui ont été pupilles de la Nation nous inspirer encore plus sur les chemins d’une citoyenneté exemplaire.

C’est le lieu de redire avec force que la mémoire ne vit que dans la paix. Et ce musée de nos mémoires doit être un pas supplémentaire vers la paix définitive dans cette belle Casamance. Nous en avons les moyens et la volonté. Les immenses potentialités de cette région sont un levier stratégique pour sa transformation en un pôle de richesse et de croissance qui fera de la Casamance l’avenir du Sénégal. Ziguinchor est la seule région avec deux aéroports dont un international et un port.Le tourisme, la transformation agroalimentaire et la valorisation des cultures et des traditions locales ouvriront grandes les portes de l’emploi et des revenus conséquents pour les jeunes et les femmes. Notre prospérité partagée est tout aussi une condition pour cette paix définitive qui préoccupe tout le peuple sénégalais dans la diversité c’est-à-dire plurielle mais indivisible.

Mesdames, Messieurs,

Le Mémorial JOOLA développera une didactique du souvenir créatif, celui qui enseigne à être et à se penser parmi les autres, responsables de soi et de chacun des éléments composant la communauté, et pas seulement les êtres humains, mais également les autres éléments immatériels, constitutifs de notre patrimoine. Car le naufrage du bateau est un signal du danger qui pèse sur l’ensemble de la structure sociale si ne sont érigées les barrières mentales robustes contre les dérives.

L’État, soyez-en assurés, ne ménage aucun effort dans l’entreprise salvatrice de veiller à faire appliquer les leçons tirées de ce naufrage. Du point de vue des infrastructures et équipements, des conditions optimales de la mobilité, de l’éducation et du suivi des différents axes de construction et de remédiation, rien ne sera laissé au hasard. Il y va de du DEVENIR de notre société.

Le voici donc, Le Mémorial JOOLA, debout sur le sol ferme, face au fleuve, sur le chemin de la mer. Il est bâti pour résister au temps et aux intempéries tout en portant, dans sa vigueur et sa rigueur, les souplesses qu’exige un monde qui change dans une société composée en grande majorité de jeunes.

Le mémorial sera assurément une école, un livre ouvert et un film d’anticipation ; il sera un veilleur aux aguets pour des comportements toujours plus responsables.

Pour cela, une équipe compétente et dynamique sera mise en place. Des travaux seront régulièrement menés pour améliorer les contenus et adapter le Mémorial à la modernité. Il proposera surtout des activités dynamiques et vivantes. J’ai dit qu’il se construit quotidiennement et j’en profite pour inviter, à nouveau, les contributeurs en contenus à se joindre au Musée et à le rendre toujours nouveau pour des visiteurs.

Pour conclure, je tiens à renouveler mes félicitations et mes remerciements à tous ceux qui ont contribué à bâtir ce Mémorial sous la coordination de Monsieur le Ministre de la Culture et du Patrimoine historique : les autorités administratives et territoriales, les équipes qui continuent de penser et de parfaire les contenus, l’entreprise Eiffage, la presse, et tous les autres acteurs de cette belle et riche œuvre.

Longue vie au Mémorial Bateau JOOLA à la gloire éternelle de nos disparus.

Merci de votre aimable attention