Ce n’est visiblement plus le grand amour entre l’imam Mahmoud Dicko et « ceux qui dirigent actuellement le Mali ». Dans un texte qui sonne comme une explication, cette figure à la fois religieuse et politique a tenu à donner des éclairages sur son voyage en Algérie. Un voyage qui a fait polémique dans son pays. Dans une vidéo enregistrée le 25 décembre depuis un hôpital à Alger, l’imam révèle le contenu de ses échanges avec le président algérien.
« Le président m’a partagé deux points lors de notre entretien. Tout d’abord, il a dit : « J’ai construit la 3e plus grande mosquée au monde après celles de La Mecque et de Médine, mais nous ne voulons pas en faire uniquement un lieu de prière. Nous souhaitons également en faire un centre de réflexion pour les chercheurs et les savants du monde afin de trouver des solutions aux crises multidimensionnelles qui traversent le monde, en particulier les États du Sahel. J’ai remarqué que vous êtes un érudit et méritez une place dans ce centre. » Il m’a assuré qu’il me mettrait en contact avec le recteur, qui est également ministre d’État, pour plus de détails sur le centre. Deuxièmement, il a expliqué : « J’aurais souhaité que les autorités ainsi que les rebelles viennent afin que nous trouvions un terrain d’entente pacifique à la crise malienne, étant donné qu’ils sont maintenant à Kidal, pour éviter d’autres conflits, car nos deux pays sont frontaliers. De plus, ce sont les mêmes peuples qui se trouvent au nord du Mali et au sud de l’Algérie, et rien ne peut toucher le Mali sans que les retombées ne se fassent sentir sur l’Algérie. Nous ne voulons pas qu’ils pensent que nous sommes ennemis. »
Lors de la révélation de son entretien avec le président Algérien, Imam Dicko a abordé la question de ses rapports avec les autorités maliennes, s’interrogeant sur un « tort » qu’il aurait pu causer à ceux qui dirigent actuellement le Mali. Il poursuit ainsi dans ses révélations : « Après avoir quitté le Mali pour La Mecque, où j’ai été décoré d’un trophée, j’ai souhaité le présenter au chef actuel à mon retour. Cependant, il a refusé et par respect, je ne peux pas révéler sa réponse dans cette vidéo. Entre-temps, les jeunes ont pris le pouvoir et, bien que nous ayons travaillé ensemble, depuis ce jour-là, je n’ai eu aucun contact avec les autorités actuelles. Ils ont coupé tous les liens avec moi. »
L’imam Mahmoud Dicko se dit victime d’une persécution qui ne dit pas son nom : « Certains individus ont tout fait pour semer la discorde entre moi et les dirigeants successifs du pays, y compris des politiciens maliens qui m’ont utilisé pour renverser l’ancien régime d’IBK. Ils ont tenté de m’impliquer dans leurs manœuvres pour accéder au pouvoir, une proposition que j’ai refusée ». « Ils ont également tout fait pour me mettre en désaccord avec ces jeunes » ajoute-t-il.
Pire, Imam Dicko affirme avoir été victime d’une tentative d’assassinat. « Ils ont incité l’un de mes proches collaborateurs contre moi, le faisant passer pour le chef des sunnites. Ce dernier est venu dans ma mosquée pour demander aux autres adeptes sunnites de ne pas soutenir celui qui sera arrêté pour avoir parlé de politique. On a même tenté de m’empoisonner dans ma mosquée ».
Ces péripéties n’empêchent toutefois pas le leader politique et religieux de se prononcer sur la gestion du pouvoir au Mali. « Allons-nous rester dans une transition qui ne finira jamais ? Qui souhaite que nous demeurions dans cette transition sans trajectoire ? ».