Lorsque l’Arabie Saoudite a voulu se lancer dans la production du blé il y a trente cinq ans, la Banque Mondiale l’en avait dissuadée. L’argument avancé, alors, était que le coùt de production de la tonne de blé produite dans le désert avec de l’eau tirée de la nappe fossile reviendrait dix fois plus cher que celle du marché mondial. Mais l’Arabie Saoudite est passée outre. Malgré les efforts de monsieur Henri Kissinger envoyé par les USA pour dissuader le Roi Fayçal. Sa réaction à sa sortie d’audience dégageait une nervosité à fleur de peau. Autant dire que production et consommation locales font partie de la stratégie de défense nationale.D’où le rôle joué par la péréquation.
Toutefois la péréquation remplacée par le TEC( un droit de porte à l’importation).
Le Sénégal ne l’applique pas. Faisant ainsi perdre des recettes au Trésor. Aujourd’hui qu’il y a des difficultés pour importer le blé, l’orge ou le mais de Russie et d’Ukraine( les deux pays en produisant les quarante pour cent) l’Arabie Saoudite est à l’abri d’une pénurie. Parce que dans le désert elle produit du bon blé. Et plus qu’il n’en faut pour sa consommation.
Ce qui se passe avec la CSS c’est qu’elle a besoin de garder un semi monopole d’importation du sucre. Parce qu’elle importe un certain nombre d’intrants pour compléter la canne. Cela n’aurait pas été le cas si c’était la betterave (qui produit aussi du sucre) qui était utilisée au Sénégal. Nous aurions, alors, de moins d’importation pour produire du sucre.
D’autre part elle amène du sucre semi fini pour le finir et aussi du sucre fini tout court pour parer à des cas de force majeure. Dont celui qui menaçait le plus était l’électricité. Aujourd’hui la CSS produit sa propre électricité à partir des déchets de la canne à sucre. Qui passent par des fours, produisent une chaleur qui elle même fait tourner les turbines pour produire de l’électricité. D’ailleurs la CSS vend de l’électricité( le surplus de sa production) à la SENELEC. Ce qui est rare.
C’est vrai que ces grands investisseurs tels que Mimrand sont des gens qui ne sont pas très éloquents, ils ont toujours appris à faire, à créer. Mais ce qui se fait à la CSS est très impressionnant. Si on sait que pour aplanir le sol sur des dizaines de milliers d’hectares on a dû faire le contrôle par satellite. Alors que nous ne sommes pas aux USA.
Pour ce que j’en sais, David Mimrand ( fils de Jean Claude)voulait, il y a vingt cinq ans, que son père vende tout pour venir le rejoindre aux USA parce qu’il y a comme partenaires les familles Bush, les grands pétroliers…Contrairement à Monsieur Jean Claude Mimrand qui aime plus que tout le Sénégal qu’il considère comme sa première patrie et il entend mettre ses pas dans ceux de son père.
Il est vrai que nous avons aussi des commerçants qui voudraient profiter du commerce du sucre. Surtout en cette période où le sucre est bon marché localement. Parce que le sucre importé par les commerçants ne paie pas de droits de douane.
L’État a bien fait de leur octroyer des quotas. Mais on est arrivé à un seuil où si la part de la CSS se réduit à la portion congrue elle sera obligée de déposer les clés sous la porte. De licencier massivement des milliers de chefs de famille qui en vivent et qui gardent leur dignité grâce à la CSS.
Il faut, donc, savoir raison garder, ne pas tuer la poule aux oeufs d’or.
Il faut savoir que lorsque le père Mimrand s’implantait au Sénégal il n’avait pas dans la tête de gagner de l’argent. Il faisait partie de gens qui aimaient vraiment le pays. Qui s’y sont installés dans des conditions vraiment difficiles, dans un endroit éloigné des grandes villes. Sans électricité, sans eau courante….. Ils ont même investi dans l’infrastructure, dans la supra structure……
Dans ce débat il y a un ministre dont le genre de conjugue au féminin qui défend sa barraque.
Mais si la guerre entre la Russie et l’Ukraine ne cesse pas dans les quatre vingt dix jours le prix du kilo de sucre pourra se multiplier par dix.
Déjà Aux USA c’est la grande inflation, tout s’achète maintenant à cinquante pourcent plus cher. Je prends à témoins nos compatriotes qui y vivent. Dont certains ont la Nationalité américaine ou la Green Card ( séjour long terme).
L’État doit avoir une stratégie politique. Cette stratégie commande les tactiques. C’est bien de protéger l’entreprise Sénégalaise et lui faire gagner de l’argent. Mais ce qu’ils gagnent en dix ans peut être perdu en une année de pénurie.
Au Sénégal on ne se souvient plus des pénuries qui ont bien eu lieu. On dit souvent « atoum khiif ba », « l’année de a faim » pour l’évocation.
Dr Ahmed Khalifa Niasse