Le résultat est tombé. Je suis un cas positif à la covid-19.Le TDR et le PCR, l’ont confirmé
L’origine ou la source ? Les médecins ne le savent pas; moi non plus.
Les sachants en la matière le qualifient de  » cas communautaire. »
Autrement, j’ai été contaminé par la communauté à laquelle j’appartiens ; c’est-à-dire l’ensemble des sénégalais, avec qui je partage le même territoire.
Mais du fait de notre diversité de toutes natures, au-delà du sentiment qui nous unit, nous nous sommes accordés sur de notre incapacité à assurer individuellement notre sécurité, dont celle sanitaire, si nous voulons perpétuer notre vivre ensemble
Dès lors, nous sommes convenus de la confier à certains parmi nous.
Ces certains ont eu l’esprit tellement fécond, que pour être certains de d’aucune responsabilité individuelle relative à des défaillances ou manquements, qu’ils ont trouvé l’idée de s’appeler Pouvoir.
Sensés dotés de facultés imaginatives au-dessus de celles des autres, Ils l’ont scindé en pouvoirs.
Du fonds de la fertilité de leur mémoire, ils ont tiré la notion d’immunité.
A chaque pouvoir, ils ont attribué une part d’immunité, appelée juridique.
Autrement, ils le couvrent du manteau d’irresponsabilité, dans l’exercice des missions de protection de la sécurité que la communauté leur a confiées.
Mais, la responsabilité de la faute devant incomber à quelqu’un, la communauté impuissante de se protéger, au point de confier sa sécurité à une personne invisible appelée Pouvoir, est tout désignée.
Ainsi est né le « cas communautaire. »
Emballés, les scientifiques viendront à leur secours, par la théorie de « l’immunité collective. »
Notion qui a tout l’air dérivée de l’ordre complexe d’une communauté auto –organisée, que le penseur libéral Hayek appelle la « Catallaxie. »
La stabilité proviendra de l’auto- contamination des membres de la communauté, jusqu’à l’élimination totale des plus vulnérables ; pas loin de la théorie de la sélection naturelle.
Les tournées politico-économiques en sont une rubrique. En mobilisant les foules à travers le pays, le Pouvoir sème les graines de « l’immunité collective », source des « cas communautaires. »Singulière méthode d’assurer la sécurité sanitaire de la communauté, qui a toujours une part de responsabilité dans tout ce qui lui arrive.
In fine, je suis seul responsable.
Étant entendu, que pour ma sécurité et la nécessité de vivre en commun une vie commune, j’accepte d’appartenir à une communauté, en me soumettant à ses règles.
Cependant, obligation m’est-il vraiment faite, de me plier à toutes les règles, souvent non écrites de la communauté?
Certaines, rédhibitoires, particulièrement dans des situations exceptionnelles, dont le respect est une menace à la survie de la communauté, doivent-elles continuer à être observées au nom de considérations subjectives destructrices?
De la menace collective doit naître la conscience individuelle.
De la conscience individuelle, se construisent les nouvelles bases de survie et de pérennisation de la communauté.
En quoi, ne pas serrer la main à quelqu’un que l’on salue est un manque de civilité ?
Dans une situation exceptionnelle de crise sanitaire, le fait pour ceux qui ne sont pas des parents proches, de ne pas aller à une levée de corps, à un enterrement, à une cérémonie de deuil, est-il un péché condamné par la religion ?
Porter un masque sanitaire dans la rue, les lieux publics ou même chez soi, pour se protéger et protéger la santé de concitoyens, est- il un acte de folie ?
Présenter des excuses, de ne pouvoir assister à une célébration de mariage, pour contribuer à endiguer une pandémie, peut-il briser des relations sincères ?
Se laver régulièrement les mains au savon ou avec du gel Hydro alcoolique, est-il un excès dégradant d’hygiène et de propreté ?
Suivre les conseils et avis des médecins, pour préserver notre santé et celle de la communauté, est-il une remise en cause de notre foi en Dieu et de Ses Religions révélées ?
Je suis certain, que pendant au moins une dizaine de jours, je ne respecterai aucune des règles communautaires qui peuvent compromettre davantage ma santé et celle des autres.
Je n’en demeurerais moins un membre de la communauté, à qui s’offre l’opportunité de bâtir des fondements d’un nouveau contrat social.
Certes, le mal est déjà fait, mais il ne faut pas lui donner l’opportunité de se répandre.
Présentement je suis confiné à mon domicile, suivi par deux cousins, éminents professeurs de médecine et mes deux filles médecins, après leurs heures de travail. Un privilège que Dieu m’a accordé.
Des privilèges dont je ne dispose pas sont accordés à d’autres. Al Hamdou Li Lahi.
Grâce à Dieu, je ne suis ni un cas grave, ni un cas sévère.
Les deux doses de vaccin m’ont déjà été administrées.
Je sollicite vos prières pour recouvrer rapidement ma santé et toutes mes forces.
Que Dieu débarrasse le monde de ce vilain et malicieux virus et protège le Sénégal.
Habib Sy
Ancien ministre d’Etat