Guinée: la junte interdit toute manifestation le jour anniversaire du putsch

La junte guinéenne a interdit toute manifestation mardi, deuxième anniversaire de sa prise de pouvoir, y compris celle prévue par l’opposition pour réclamer un retour rapide des civils à la tête du pays.

Le ministère de l’Administration du territoire a rappelé dans un communiqué diffusé lundi soir « l’interdiction formelle des mouvements de soutien et des manifestations sur la voie publique » décrétée en mai 2022.

Il « met en garde toutes les personnes qui enfreindraient cette mesure », prise selon lui pour « préserver la tranquillité publique ».

La Guinée, pays pauvre à l’histoire politique tourmentée, est dirigée par une junte depuis que des militaires conduits par le colonel Mamady Doumbouya ont renversé le président civil Alpha Condé le 5 septembre 2021, dans l’un des putschs qui se succèdent en Afrique de l’Ouest depuis 2020.

Les autorités n’ont pas annoncé de célébration à l’occasion du deuxième anniversaire du coup d’Etat.

Les militaires ont consenti sous pression internationale à rendre la place à des civils élus d’ici à fin 2024, le temps de mener de profondes réformes, disent-ils.

Outre l’interdiction de manifestation, la junte a fait arrêter un certain nombre de dirigeants de l’opposition, lancé des poursuites judiciaires contre d’autres et dissous un collectif citoyen critique de son action.

Les Forces vives, autre collectif de partis et organisations, a appelé à une marche « pacifique » le jour anniversaire.

Dans un communiqué annonçant la manifestation, elles dénonçaient « la gestion autoritaire et unilatérale » des affaires, une volonté de « confiscation » du pouvoir par la junte et « l’enrichissement effréné de la classe dirigeante ».

« Après deux ans d’exercice du pouvoir par la junte militaire guinéenne, la rupture avec le peuple de Guinée est complètement consommée », disaient-elles.

Elles accusaient les autorités de n’avoir rien entrepris en vue d’un transfert du pouvoir. « Il n’existe pas encore de projet de Constitution, ni de code électoral, ni d’organe de gestion des élections, ni d’opérateur technique, ni de fichier électoral, ni de budget réaliste des élections », disaient-elles.