La tension monte entre entre Umaru Embalò et le Premier ministre Nuno Nabiam au sujet de l’Airbus A-340 immobilisé sur le tarmac de l’aéroport Oswaldo Vieira. Une affaire qui pollue l’atmosphère à Bissau avec des soupçons de drogue ou d’armes qui seraient transportés dans l’avion avec l’autorisation de la présidence. Face à l’Omerta instaurée par le « général » et les menaces portées sur le député José Carlos Monteiro, le Premier ministre a fait instaurer une enquête avec l’aide extérieure sur l’avion retenu à l’aéroport. Certaines ambassades craignent le pire avec les discours des deux personnalités.
Le Premier ministre de la Guinée-Bissau, Nuno Gomes Nabiam, a décidé d’instaurer une enquête extérieure sur l’avion stationné à l’aéroport de Bissau et a demandé un soutien de la communauté internationale. Cette enquête fait référence à un communiqué diffusé aujourd’hui par le bureau du chef du gouvernement guinéen.
« Le bureau du Premier ministre annonce qu’une enquête a été menée sur l’avion suspect qui a atterri à l’aéroport Osvaldo Vieira le 29 octobre dernier et qu’il est y est retenu depuis cette date sans qu’on ne connaisse les tenants et aboutissants », lit-on dans la Note datée du 12 novembre et signée par le chef de cabinet du Premier ministre.
Selon le communiqué, l’enquête sera effectuée par une « entité extérieure qui sera responsable d’analyser toutes les circonstances suspectes impliquant l’aéronef ».
Pour Nuno Nabiam, il est inconcevable qu’un avion sorti de nulle part puisse atterrir à Bissau sans que les autorités de l’aviation civile soient informées de sa cargaison. Umaru Embalò parle d’investisseurs privés alors que la rumeur évoque un probable trafic de drogue ou d’armes
« Cette entité mettra à la disposition du gouvernement de Guinée-Bissau des technologies spécialisées et des capacités pour mener une enquête indépendante, exonérée et exhaustive et identifiera les actions et les interventions à mettre en œuvre pour protéger immédiatement et à l’avenir les intérêts du pays et de sa population », souligne la note.
Le bureau du Premier ministre souligne que la « Guinée-Bissau est engagée de manière irréversible et permanente dans la sécurité et la fin du trafic de drogue ».
Selon le Chef de cabinet du Premier ministre Nuno Nabiam, « Arrêter le flux de passage et de transbordement de biens illicites spécialement les armes illégales et les drogues vers la région de l’Afrique de l’Ouest est un objectif de haute priorité pour le gouvernement de Guinée-Bissau. Dans le cadre des efforts en cours, le bureau du Premier ministre a demandé à la communauté internationale de soutenir cet objectif par la mise à disposition d’une assistance pour connaître les dessous de l’Airbus parqué sur le tarmac de l’aéroport Oswaldo Vieira ».
Le Premier ministre avait mis en place la semaine dernière une commission interministérielle qui avait jusqu’à vendredi pour lui remettre un rapport sur les circonstances de l’atterrissage de l’avion et des précisions sur le contenu à bord mais surtout, sur la nationalité de l’équipage qui s’est fondu dans la nature.
Califa Soares Cassamà le chef de cabinet du « général » Umaru Embalò est celui qui a autorisé l’atterrissage de l’Airbus et le départ de l’équipage. Plusieurs ambassades occidentales ont déjà interdit à leurs ressortissants de s’éloigner de leurs domiciles avec le mano à mano entre le PM Nuno Nabiam et Embalò
La même semaine, le président de la commission de la défense et de la sécurité de l’Assemblée nationale populaire, José Carlos Monteiro, s’est également rendu à l’aéroport pour comprendre comment et pourquoi l’avion a été autorisé à atterrir et retenu par la présidence. Le parlementaire a par la suite informé l’assemblée que la demande d’atterrissage a été faite par la présidence de la République.
Le député du Mouvement pour l’Alternance Démocratique (Madem-G15), José Carlos Monteiro qui se trouve actuellement à Lisbonne a également dénoncé avoir été victime de menaces de mort et a également dénoncé que le président de l’Autorité nationale de l’Avion Civile subissait le même traitement depuis qu’ils ont voulu accéder aux documents de l’avion mystérieux.
L’inquiétude de Nuno Nabiam est que les Nations Unies ont imposé en 2012 un embargo sur la vente d’armes à la Guinée-Bissau. A cela, le « général » répond par la menace en déclarant que le gouvernement veut freiner sa lutte contre le trafic de drogue en soulevant cette banale affaire d’avion stationné
De retour d’un séjour en France, Umaru Embalò a fait des déclarations aux journalistes samedi en affirmant que l’affaire de l’avion retenu à l’aéroport de Bissau, suite aux ordres de la présidence, était une distraction pour détourner l’attention du problème du trafic de la drogue qu’il combat depuis son installation à la tête du pays.
Umaro Sissoco Embaló a affirmé qu’il n’existait rien d’anormal avec l’appareil qui, dit, appartient à une entreprise étrangère qui entend ouvrir un atelier d’entretien d’aéronefs à Bissau.
« Tout ce film est dû à mon engagement contre le trafic de drogue et la corruption que je mène et que je vais continuer », a précisé Embaló, promettant une réaction sur la situation générale du pays après le Conseil d’État (organe de consultation du Président de la République), qui a prévu mercredi.
Très remonté contre le Premier ministre et l’assemblée nationale, le « général » déclare, « Jour-17, vous verrez ma réaction, car tout a une limite », soulignant que rien d’anormal ne se passera après sa décision car l’armée et la police réprimeront toutes velléités de manifestations .
Salimatou DJALÒ @Atlanticactu.com –