
Berlin, Allemagne – L’ancien président de la République du Sénégal et président du Conseil de surveillance du Centre mondial pour l’adaptation, Macky Sall, a été l’un des intervenants phares du Global Solutions Summit 2025, organisé par la Global Solutions Initiative à Berlin. Devant un parterre de leaders internationaux, de chercheurs, d’économistes et de décideurs politiques, il a livré un plaidoyer fort sur le rôle de l’Afrique dans le multilatéralisme contemporain.
Prenant la parole sur le thème : « L’Afrique dans le multilatéralisme contemporain », Macky Sall a brossé un tableau lucide des quatre défis majeurs auxquels le continent est confronté : la paix et la sécurité, le développement économique, la transition énergétique et la réforme de la gouvernance mondiale.
“Le multilatéralisme doit être repensé”
Dès l’ouverture de son discours, Macky Sall a souligné que les structures multilatérales actuelles, créées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, montrent aujourd’hui leurs limites. Conflits persistants, terrorisme, réchauffement climatique, instabilité économique mondiale… les réponses collectives font souvent défaut.
“Le système multilatéral […] peine à offrir des réponses concertées aux défis contemporains”, a-t-il affirmé.
1. Paix, sécurité et stabilité : priorité au Sahel
Face à la montée du terrorisme et aux conflits prolongés, notamment au Sahel, Macky Sall a rappelé que les mécanismes classiques de maintien de la paix ne sont plus adaptés.
“Nous avons toujours plaidé pour des mandats plus robustes et des moyens mieux calibrés”, a-t-il insisté, appelant à un soutien renforcé de l’ONU et de ses partenaires.
2. Développement économique : vers un nouvel ordre mondial équitable
Macky Sall a plaidé pour un nouvel ordre économique mondial, qui prenne en compte les réalités africaines. Il a dénoncé les congés fiscaux abusifs, les notations biaisées des agences de rating et le coût excessif du crédit pour les pays africains.
“Il est temps de refonder la coopération internationale sur des paradigmes réinventés”, a-t-il martelé, appelant à la réforme de la fiscalité internationale et à l’assouplissement des règles de l’OCDE.
Il a rappelé que les besoins de l’Afrique en matière d’infrastructures sont estimés entre 130 et 170 milliards de dollars par an.
3. Transition énergétique : une justice climatique nécessaire
Dans un contexte où l’Afrique est la moins polluante mais reste la plus vulnérable aux effets du climat, l’ancien président a alerté sur les injustices liées au financement de l’adaptation climatique.
Il a dénoncé les décisions unilatérales, comme celles prises à la COP26 à Glasgow contre le financement des énergies fossiles, y compris le gaz naturel, pourtant indispensable à la transition énergétique du continent.
“Le continent qui pollue le moins ne peut être contraint de choisir entre développement et protection de l’environnement”, a-t-il averti.
Il a, par ailleurs, appelé au soutien pour la seconde phase (2026-2030) de l’Initiative d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP), pilotée par le Centre mondial pour l’adaptation.
4. Gouvernance mondiale : pour un multilatéralisme inclusif
Macky Sall a réaffirmé son appel à une réforme profonde du multilatéralisme, dénonçant une gouvernance mondiale désuète et non représentative.
“Le multilatéralisme de l’après-guerre est en passe de devenir obsolète […]. Il faut refonder la gouvernance mondiale pour la rendre plus représentative du monde d’aujourd’hui”, a-t-il déclaré.
Il s’est félicité de l’admission de l’Union africaine au G20, une initiative portée durant sa présidence de l’UA, et du troisième siège accordé à l’Afrique au FMI, tout en appelant à des réformes similaires au Conseil de sécurité des Nations Unies et à la Banque mondiale.
Un appel à un humanisme actif
En conclusion, Macky Sall a invité la communauté internationale à renouer avec une espérance agissante, fondée sur le dialogue, la coopération et le respect mutuel, pour affronter les défis globaux.
“Non pas une espérance incantatoire, mais une espérance travaillée […], nourrie par le courage du dialogue, la force de la coopération et la foi dans notre humanité commune.”
À propos du Global Solutions Summit
Le Global Solutions Summit, organisé par la Global Solutions Initiative (GSI) fondée en 2017 à Berlin, est un réseau international de think tanks, de chercheurs et de leaders d’opinion. Il vise à proposer des solutions concrètes aux grands défis mondiaux, en particulier dans les domaines du climat, de la gouvernance, du numérique et du développement durable. Le think tank est dirigé par Christian Kastrop, économiste allemand et ancien secrétaire d’État au ministère fédéral de la Justice.