Le parquet de Dakar a ouvert une information judiciaire dans une affaire de grande envergure, impliquant l’accord financier entre l’État du Sénégal et le groupe Arcelor Mittal. Cette procédure judiciaire, qui fait suite à une plainte déposée par l’État avec constitution de partie civile, cible plusieurs entités du groupe sidérurgique pour des faits graves tels que l’association de malfaiteurs, la corruption, le recel, le blanchiment de capitaux, l’escroquerie et la complicité.
L’affaire remonte aux années 2000, lorsque le Sénégal a attribué à Arcelor Mittal un permis d’exploitation du gisement de fer de la Falémé, dans la région de Kédougou. Après plusieurs années d’attente et de retard, la multinationale n’a pas respecté ses engagements, ce qui a poussé l’État sénégalais à saisir la Chambre de commerce internationale (CCI) en 2011.
En 2013, la CCI a reconnu Arcelor Mittal coupable de manquements graves, ouvrant la voie à des négociations sur des compensations financières. À cette époque, le Sénégal réclamait une indemnisation d’un montant faramineux de 3 300 milliards de F CFA. Cependant, en juin 2014, un accord transactionnel a été signé entre les deux parties, mettant fin à la procédure judiciaire. Cet accord, négocié en dehors des voies juridiques classiques, n’a abouti qu’à un versement de 150 millions de dollars, bien en deçà des attentes.
Les fonds ont été déposés sur des comptes Carpa, administrés par un avocat, Me François Meyer, sans passer par les circuits officiels du Trésor public. Cette gestion opaque des fonds a suscité des interrogations. Aujourd’hui, l’État du Sénégal, soupçonnant des irrégularités graves, exige des éclaircissements sur la destination de ces 150 millions de dollars.
L’ouverture de cette information judiciaire vise à élucider les conditions dans lesquelles cet accord a été signé, à identifier les responsabilités dans cette affaire et à déterminer si des fonds ont été détournés, dans ce qui pourrait être un scandale financier majeur.