Loin de toutes tensions et crispations, l’Ordre maçonnique mixte international du Droit humain a pu tenir, dans la discrétion, une réunion entre ses membres européens et africains, il y a environ un mois, à Dakar. C’est la révélation faite par EnQuête, vendredi. A ce sujet, le journal s’est entretenu avec Daniel Bolens, Grand Maître de l’ordre maçonnique mixte international : Le Droit Humain. Suisse de nationalité, il est revenu sur le mode de fonctionnement, les cultes et  les interdits  de la loge. Il évoque, dans la même veine, la perception ou les préjugés que certaines populations nourrissent à l’endroit de la franc-maçonnerie en général.

Daniel Bolens, Grand Maître de l’ordre maçonnique mixte international : Le Droit Humain aborde, dans les colonnes de EnQuête, la tension entre la franc-maçonnerie présente ici et les différents ordres religieux, surtout avec l’islam.

C’est ainsi qu’il a révélé qu’ « Ici au Sénégal, par exemple, il y a des frères et des sœurs qui déclarent ouvertement être croyants, pratiquant les prières selon leurs religions ».

« Oui, on doit la constater, bien sûr. Cela impose à nos sœurs et nos frères d’être relativement discrets, de ne pas mettre en péril leur sécurité, leurs familles, etc. Mais cette opposition résulte d’une incompréhension fondamentale de ce qu’est la franc-maçonnerie. La francmaçonnerie n’est pas une religion et n’a jamais voulu se poser en concurrent d’une quelconque religion, parce que ce n’est pas le même domaine. Les francs-maçons – et l’Ordre maçonnique mixte du Droit humain est très clair là-dessus – prônent une totale et absolue liberté de conscience. On peut être catholique, musulman ou athée, cela n’a aucune espèce d’importance, parce qu’on ne fait pas de religion. Le domaine de la franc-maçonnerie est essentiellement éthique, pas confessionnel. C’est une façon de se dire finalement : “Voilà, on a un idéal, une vision d’une société idéaliste qu’on aimerait réaliser, de contribuer à l’avènement d’une société juste, égalitaire, qui offre à chacun les droits fondamentaux auxquels il peut prétendre », dit-il.

Comme pour tenter de prouver que ce n’est pas « antinomique », il ajoute : « Ce n’est absolument pas antinomique. Et c’est de là que vient le malentendu, parce qu’il y a certaines franges de la maçonnerie qu’on appelle continentale par rapport au continent européen, où à une certaine période, il y a eu une certaine tendance athéiste. Mais vous avez aussi des obédiences maçonniques qui sont déistes, qui ne refusent absolument pas l’idée d’un créateur d’un dieu, etc. Peut-être que les religieux ont de la peine à le comprendre et considèrent toujours qu’on est des concurrents. C’est tellement pratique de dire que ce sont des athées, donc on les combat. C’est un raccourci très, très abusif ».