Depuis le 1er mai à 21h, l’écosystème numérique de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) est en crise. La BCEAO a suspendu, sans préavis, toutes les activités des Établissements de Paiement (EDP) ne disposant pas encore d’un agrément officiel. Une mesure brutale qui paralyse une large part du secteur fintech, plongeant salaires, transactions en ligne et flux commerciaux dans l’impasse.
En cause : l’application stricte de l’instruction n°01-01-2024, entrée en vigueur un an plus tôt, exigeant l’agrément formel des EDP. Problème : une grande majorité de ces acteurs, pourtant en règle dans leurs démarches, attend toujours que leurs dossiers soient traités par la Banque Centrale. Faute de réponse, c’est un gel massif qui a été ordonné.
Le résultat est dramatique : des plateformes actives depuis plus d’une décennie sont à l’arrêt, des milliards de FCFA bloqués, et la confiance envers la BCEAO sérieusement entamée. Seuls quelques rares opérateurs reconnus comme Émetteurs de Monnaie Électronique (EME) peuvent encore assurer un minimum de services.
En l’absence de cadre transitoire ou d’un plan de sortie de crise, c’est tout un pan de l’économie numérique et informelle — et donc de l’inclusion financière — qui se retrouve menacé.
Le silence prolongé de la BCEAO face à la gravité de la situation interroge : comment suspendre un secteur vital sans dialogue, sans accompagnement, et sans explication publique ?