L’attribution directe du marché de l’opération Tabaski à Harouna Gallo Ba, figure connue du landerneau politique sénégalais, suscite interrogations et incompréhensions chez de nombreux citoyens et acteurs du secteur de l’élevage.

En effet, dans le cadre de l’opération Tabaski 2025 menée par la DER/FJ en partenariat avec le FONSTAB, ce sont plus de 5 200 moutons qui seront distribués aux couches vulnérables, notamment les veuves, personnes handicapées et familles en situation de précarité. Une initiative saluée dans son objectif social, mais qui soulève des questions sur les modalités d’attribution du marché.

L’opérateur choisi n’est autre que Harouna Gallo Ba, maire de Gamadji Saré, président de l’Union nationale des éleveurs du Sénégal, directeur de la SOGAS (ex-Seras), député de la 14e législature et surtout ancien responsable influent de l’APR, très proche de l’ex-président Macky Sall.

Un homme du système ?

Harouna Gallo Ba n’est pas un acteur anodin. En 2022 déjà, il avait importé un bateau d’engrais depuis la Russie avec le soutien d’un prêt de la BNDE, à un moment où le Sénégal faisait face à une crise d’approvisionnement. Ce type de facilité a toujours alimenté l’image d’un homme bien introduit dans les rouages de l’État.

Aujourd’hui encore, alors que le Sénégal vit une alternance politique, son nom ressurgit dans une opération financée à hauteur de 300 millions FCFA par la DER/FJ, structure dirigée par Aïda Mbodj. D’aucuns s’interrogent : pourquoi aucun appel d’offres public n’a été lancé ? Pourquoi ne pas avoir impliqué plusieurs éleveurs, répartissant les quotas pour permettre à un plus grand nombre d’acteurs nationaux de bénéficier de cette opération ?

Une occasion manquée ?

Pour beaucoup d’observateurs, cette décision risque de fragiliser la crédibilité de la DER/FJ sur sa volonté d’équité, d’inclusion et de transparence. Car si l’objectif était d’aider les ménages vulnérables et de soutenir la filière locale, un appel à candidatures aurait sans doute permis à d’autres éleveurs, petits ou moyens, de participer à cette dynamique.

À l’heure où la bonne gouvernance est un impératif réclamé par la population, il serait important que les institutions publiques justifient clairement leurs choix en matière de partenariats stratégiques, surtout lorsqu’il s’agit de fonds publics et de bénéficiaires en situation de vulnérabilité.