Avocate d’origine syrienne, et arrivée aux Etats-Unis à l’âge de deux ans Nadia Kaft a été nommée le 21 mars juge à la Cour Suprême de l’État du New Jersey après avoir prêté serment sur le Coran.
Mieux comprendre la Cour Suprême
La Cour Suprême n’est pas vraiment comparable aux cours constitutionnelles européennes. La seule institution européenne avec laquelle la méthode analogique peut réellement faire sens est la Cour de justice des Communautés européennes. Pour comprendre ce que représente la Cour suprême dans le système constitutionnel américain, il faut s’imaginer un instant ce que pourrait être une Cour de Luxembourg qui aurait absorbé les compétences de la Cour de Strasbourg et qui serait devenue le tribunal suprême d’une union européenne achevée sous la forme des Etats-Unis d’Europe. En vérité, la Cour suprême ne se comprend qu’à une échelle continentale.
Alexis de Tocqueville avait bien vu que la Cour suprême occupe un « rang élevé (…) parmi les grands pouvoirs de l’Etat » et qu’à l’examiner de près, il est certain que « jamais un plus immense pouvoir judiciaire n’a été constitué chez aucun peuple ». Le caractère fédéral des Etats-Unis explique dans une large mesure la puissance de la Cour suprême. Le pouvoir judiciaire peut, en effet, être plus ou moins grand selon le type d’Etat dans lequel il opère.
Mais, dans un Etat fédéral, il est toujours une très grande puissance. La raison tient au fait que le grand problème de ce type de gouvernement est de savoir comment faire obéir à ses lois des Etats souverains et indépendants. Or, il n’y a que deux moyens pour obtenir l’obéissance, la contrainte ou la persuasion.
Et c’est donc dans ce type de structure propre aux Etats-Unis que Nadia Kaft va exercer. Il n’est pas non plus évident de juger sans compromettre sa foi. Malgré les parcours de plus en plus exemplaires de sœurs dans les domaines du droit, on pourrait se demander si ces carrières sont souhaitables tant les journées sont très lourdes et demandent un acharnement au travail.