Le 28 décembre 2007, la communauté mouride et l’ensemble du Sénégal perdaient un guide d’exception. Dix-huit ans plus tard, Serigne Saliou Mbacké continue d’imposer le respect par la profondeur de son héritage spirituel et la singularité de son khalifat. Plus qu’un souvenir, il demeure une référence.
Dans l’histoire du mouridisme, peu de figures auront incarné avec autant de constance la fidélité absolue à l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba. Serigne Saliou n’a jamais cherché à innover pour innover, ni à séduire par le discours. Son choix fut clair : revivifier Serigne Touba, préserver l’essence du message originel et maintenir la communauté sur le chemin de l’orthodoxie islamique.
Dès son intronisation, il affirma sans détour que son engagement était exclusivement religieux. Une posture rare, à une époque où les confusions entre spiritualité, pouvoir et intérêts mondains deviennent fréquentes. Chez lui, aucune ambiguïté : tout devait être ramené à Dieu, rien en dehors de Dieu.
Cette rigueur spirituelle s’est traduite par des actes forts. Khelcom, symbole de son œuvre, incarne cette vision d’un islam du travail, de l’effort et de la transmission. Un héritage bâti dans le silence, loin de l’agitation, mais avec une efficacité durable.
Serigne Saliou Mbacké fut un khalife de discrétion, mais jamais d’effacement. Son autorité ne s’imposait ni par la parole excessive ni par l’exposition médiatique, mais par la cohérence entre la foi, la pratique et l’exemple. Devenu khalife un vendredi, rappelé à Dieu un vendredi, après dix-sept années de khalifat, son parcours reste jalonné de signes que les croyants continuent de méditer.
À l’heure où les repères se brouillent et où la jeunesse cherche des modèles de constance et de droiture, la figure de Serigne Saliou s’impose avec force. Elle rappelle que la grandeur spirituelle ne réside ni dans le bruit ni dans la revendication, mais dans la soumission sincère à Allah, la patience et la fidélité à une mission.
C’est cette dimension exceptionnelle que l’histoire retiendra. Et c’est ce legs que le mouridisme se doit de préserver, avec lucidité et responsabilité.
Assirou.net