L’affaire Ousmane Sonko n’a pas seulement défrayé la chronique chez les adeptes de la politique. Oui, il faut le dire, car le président du Conseil d’administration de la Raddho a rappelé ses pairs à ce qu’il conçoit comme “raison”, non sans naviguer large sur le cas du député Ousmane Sonko.

«Nous venons de lire, avec beaucoup d’attention, le communiqué conjoint sur l’affaire Sonko que vous avez bien voulu nous envoyer. Nous apprécions la rédaction qui est venue sous-tendre les missions dévolues à notre organisation, notamment défendre, protéger et promouvoir les droits de la personne. Aussi, devons-nous toujours nous rappeler notre rôle de contre-pouvoir qui ne veut nullement signifier être contre le pouvoir ; et pour cela, la bonne information doittoujours nous guider dans ce sens», note-t-il.

Et d’ajouter : «Il est vrai et incontestable que l’honorable député Sonko est couvert par son immunité parlementaire et en sus d’une qualité de justiciable, il doit bénéficier de la présomption d’innocence qui est l’un des quatre principes fondamentaux de la procédure pénale, notamment le droit à la défense, la liberté de la preuve et l’intime conviction du juge».

Relativement à l’immunité parlementaire, il poursuit : «Concernant son immunité,  à ce que nous sachions, l’honorable député a été simplement convoqué par un officier de police à qui rien ne lui interdit cette procédure (une convocation est une simple invitation, elle n’est ni un mandat de comparution, ni un mandat d’amener, encore moins un mandat d’arrêt), il pouvait ne pas se prévaloir d’une immunité et aller répondre à sa guise (cas du député Boughazeli qui a même dû démissionner pour mettre à l’aise le parlement) ou simplement refuser comme il l’a fait, en usant de son droit», rappelle-t-il.

Concernant les altercations notées entre les forces de l’ordre et les militants de Sonko, il révèle en ces termes : «Nous avons appris de source sûre que les forces de l’ordre n’étaient pas chez Sonko pour le cueillir, mais plutôt pour empêcher un rassemblement, surtout en cette période de pandémie, encore que notre honorable député, lors de son point de presse, a incité solennellement ses militants à  l’insurrection. Dans ce cas, l’État se devait de prendre toutes les dispositions nécessaires, ne serait-ce que pour la tranquillité publique», note-t-il. Toujours selon notre source, qui a eu une copie de la correspondance adressée au Secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), Mouhamadou Mbengue, par ailleurs, président du conseil d’administration de cette organisation non gouvernementale, a haussé le ton, non sans rappeler les principes de la procédure du droit pénal en ces termes : «Si nous revenons aux quatre principes de la procédure pénale, nous constatons qu’un seul de ces principes, notamment la présomption d’innocence, est quasi toujours mis en exergue et on oublie très souvent les trois autres et principalement la liberté de la preuve qui incombe aussi bien à la défense qu’à la partie civile qui, jusqu’ici, est ignorée ou blasée, malgré son appartenance à un groupe dit vulnérable, surtout qu’elle prétend avoir subi des violences sexuelles, et dès lors, elle a bien le droit de défendre sa dignité.

Sur le cas d’Adji Sarr, il souligne dans ses propos : «Nous n’avons pas entendu, à ce jour, une quelconque organisation même féminine l’assister ou la protéger. Nous nous posons encore cette question et souhaiterions que notre organisation, en première ligne, s’intéresse à elle en tant que justiciable autant que notre député qui a criminalisé le viol par son vote», se désole-t-il.

Et de terminer ainsi : «Pour conclure, ma conscience, en tant que militant des droits humains depuis près de trente ans, mais aussi, en tant que personne humaine le plus simplement possible, cette conscience qui trouble la quiétude de mon esprit, me rappelle, nous rappelle, si nous osons dire, qu’il n’y a pas une “Affaire Sonko”, mais bel et bien une “Affaire Ousmane Sonko/Adji Sarr”. Nous, observateurs “avisés” devrons toujours, nous baser sur des informations en béton et ne point suivre les “esprits politiciens”».

Pour rappel, dans l’affaire Ousmane Sonko, un communiqué conjoint du mardi 29 février de la Raddho, la Lsdh, Afrika Jom Center, Amnesty international et le Forum social sénégalais ont tenu à être fermes vis-à-vis de l’affaire en question. Aujourd’hui, le président du Conseil d’administration de la Raddho a, selon notre source, envoyé une correspondance pour rappeler le principe des droits humains à son secrétaire général.