Décryptage: Contrairement à son goût, le sucre est au coeur d’un débat amer, ce produit fait l’objet de protestations et empoignades ces derniers temps au Sénégal. Et pour cause, la lassitude des Sénégalais sur les soubresauts et autres pénuries de ce produit hautement protégé dans ce pays.
Le porte-monnaie du consommateur n’a que trop souffert de cette situation, qui dure près d’un demi-siècle. A l’origine du débat polémique, la critique faite au ministère du commerce par la CSS, au sujet de la délivrance jugée excessive de déclarations d’importation de produit alimentaire (DIPA).
Et pourtant, le consommateur, dont l’avis compte en priorité, a compris le fond en s’alignant sur la position du ministère de tutelle. Le peuple même, ainsi que les organisations du secteur du commerce, ont adressé un message de satisfaction et d’encouragement à l’État, dans le sens d’une fin immédiate du monopole du sucre par une seule entreprise.
Après près de 50 ans d’avantages accordés à une entreprise, que le patriotisme économique digère difficilement, dans un domaine aussi sensible que les denrées de première nécessité, l’État du Sénégal qui a plusieurs fois constaté des manquements dans le produit sucre en termes de qualité-prix et d’insuffisance, doit revoir le contrat du sucre. En effet, la CSS devrait par rapport au monopole sur une longue période, améliorer son outil de production pour une meilleure qualité et d’offres de prix intéressants, avec à la clé, une couverture correcte du marché.
L’analyse qu’on peut faire de la réaction des Sénégalais sur cette question brûlante de l’actualité, est qu’il est surtout inconcevable de laisser une entreprise sur le marché du sucre, avec des prix qui font le double des tarifs pratiqués dans des pays de la sous-région comme la Mauritanie, la Gambie, entre autres. Ce qui explique et encourage d’ailleurs, des fraudes massives du sucre au Sénégal.
Un banal constat fait, nous renseigne jusqu’où la CSS ne s’améliore pas, mais utilise plutôt la menace de licencier quelques 8500 travailleurs sénégalais pour non seulement garder sa position de monopole et, surtout, se faire des profits énormes sur le dos des consommateurs et de l’État. Quel ignoble chantage !
C’est pourquoi il urge de libéraliser le secteur du sucre comme l’est le ciment avec aujourd’hui, 3 mastodontes qui se partagent le marché. De ce fait, le Sénégal, avec une deuxième et troisième industrie de sucre, va profiter de la concurrence pour obtenir à la fois, le bon prix d’équilibre, la bonne qualité et une couverture normale du marché qui mettrait fin aux DIPA.
Le Sénégal en a des exemples concrets de ce genre, notamment sur la production de poulets de chair. La décision de l’État sur ce secteur a permis l’essor d’une industrie locale qui, aujourd’hui, satisfait largement la demande en viande de volaille sur le marché sénégalais, à des prix intéressants, pour toutes les bourses. De plus, les organisations de commerçants demandent avec véhémence cette possibilité d’installer des industries du sucre dans notre pays. La balle n’est plus que dans le camp de l’État.
Le ministère du Commerce est garant de la suffisance de tous les types de produits de consommation. Et de ce fait, il contrôle la production intérieure et délivre des DIPA pour combler le gap en cas d’insuffisance de productions comme l’oignon, la pomme de terre et le sucre. Ce ministère, ne l’oublions pas, prend aussi en charge les PME. Alors, au lieu de se donner des efforts pour gérer des DIPA, l’État pourrait lui permettre de faciliter l’installation de nouvelles industries du sucre pour soulager la poche du consommateur sénégalais.
Par ailleurs, la CSS ne doit point se plaindre des DIPA accordées aux commerçants sénégalais, pour n’avoir pas joué pleinement son rôle d’approvisionner correctement le marché. Il est donc temps de mettre fin à cette polémique entretenue par la CSS.
C’est pourquoi, la principale doléance des consommateurs et commerçants sénégalais aujourd’hui, auprès du Président Macky Sall, c’est, Vivement l’essor de nouvelles industries nationales du sucre.
Driss Diallo,
Ingénieur Financier,
Chef d’entreprise GAB AGROBUSINESS