«Si le pic, du point de vue statistique, est considéré comme un point culminant de l’évolution d’une épidémie, donc il est derrière». Une réplique que Diouf Sarr apporte sans doute à Dr David Houeto, maître de Conférences agrégé en promotion de la santé et engagement communautaire à l’Université de Parakou au Bénin, envoyé spécial de l’Oms au Sénégal qui avait démenti le ministère de la Santé en juin dernier.
Le débat sur l’atteinte du pic du nouveau coronavirus au Sénégal est loin de s’estomper. Après le démenti de Dr David Houeto, maître de Conférences agrégé en promotion de la santé et engagement communautaire à l’Université de Parakou au Bénin, envoyé spécial de l’Oms au Sénégal, le ministre de la Santé et de l’Action sociale est revenu à la charge, hier. En effet, profitant de la réunion de coordination avec les partenaires techniques et financiers sur la Covdi-19, Abdoulaye Diouf Sarr n’est pas passé par quatre chemins pour apporter sa réplique à l’agent de l’Oms. «Je me demande si c’est un débat pertinent. Si le pic du point de vue statistique est considéré comme un point culminant de l’évolution d’une épidémie, donc il est derrière nous parce que, depuis qu’on a 177 patients on ne l’a pas encore. Si véritablement le pic est apprécié d’une autre manière sur le plan psychosociologique, je me demande en tout cas quelle est la pertinence de ce débat», martèle Diouf Sarr. «Aujourd’hui, personne ne peut dire qu’on a atteint le pic de la maladie au Sénégal. Parce que les cas continuent chaque jour. Mais dès qu’on commence à noter moins de cas positifs, on pourra parle de pic. Si on s’amuse à faire des prévisions sur le pic, on va toujours se tromper», recadrait l’envoyé spécial de l’Oms. Dr David Houeto s’exprimait lors d’un atelier de formation sur la communication des risques et engagement communautaire (Crec) sur la Covid-19.
Hier en marge de la rencontre avec ses partenaires, Diouf Sarr affirme qu’il y a des tests qui montrent des résultats de temps en temps à des niveaux assez inquiétants. Cela veut dire, dit-il, que maladie est encore là et il faut être réaliste et savoir qu’il faut la combattre dans la durée. Toutefois le chef du département de la Santé estime que le Sénégal garde toujours la tête sur les épaules et notre pays a engagé cette lutte dans la durée avec des performances relatives. Il rappelle que «nous sommes à quelques jours de la Tabaski, une fête extrêmement importante où les Sénégalais ont l’habitude de bouger». Sur ce, il réitère son appel à rester et fêter la Tabaski là où on est. Le faisant, c’est un comportement citoyen qui va empêcher la propagation et la dispersion de la maladie. «Il faut absolument oser le dire, le répéter et demander à chaque Sénégalais d’être assez citoyen de ce point de vue pour éviter de disperser et de propager la malade», lance-t-il.
«Je pense que nous sommes sur la bonne voie même si des défis persistent. Nous sommes dans la bonne voie dans la mesure où quand vous regardez à l’échelle africaine, le Sénégal est assez bien positionné dans certaines interventions et des défis persistent aussi dans d’autres interventions. Et nous pensons qu’aujourd’hui, pour le suivi des contacts par exemple, le Sénégal a une bonne position. Et je pense aussi que la transparence dans la gestion est un atout du Sénégal. Ça il faut le reconnaître», ajoute Dr Lucie Emboa, représentante résidente de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) au Sénégal. Qui souligne que les défis persistent parce qu’il faut que les communautés puissent s’engager. Et pour Dr Emboa, cet engagement doit se faire grâce à la communication de risque. Car, à l’en croire, une population qui n’est pas engagée ne peut pas se permettre d’arrêter la circulation du virus.
Samba BARRY