Peut-on être diabétique et observer le jeûne ? Difficile à dire. Toujours, est-il que le concerné doit scrupuleusement suivre les conseils de son médecin, pour minimiser les conséquences néfastes sur sa santé. Reportage dans l’univers des patients-jeûneurs. Soleil…
Ils sont nombreux à prendre d’assaut, avant-hier matin, le centre de diabétologie Marc Sankalé, qu’abrite l’hôpital Abass Ndao. Une longue file d’attente de patients et d’accompagnants sont dans les couloirs, devant les bureaux des médecins. Certains y sont depuis les premières heures de la matinée.
Fatou Sow est venue avec sa mère qui a eu une crise la veille. Elle cache mal son inquiétude. La vieille dame, âgée environ de 60 ans, souffre visiblement. Elle s’impatiente et souhaite voir, au plus vite, un médecin. Dans un wolof décousu, avec un fort accent peul, elle demande à sa fille à quand son tour. La maman de Fatou avait essayé de jeûner alors que ce n’était pas compatible avec son diabète.
« On lui avait suggéré de ne pas faire le jeûne, compte tenu de sa santé mais, elle a forcé, mettant en danger sa vie », regrette-t-elle. Un cas qui n’est pas isolé. Beaucoup pratiquent le jeûne contre l’avis des médecins, avec des conséquences néfastes sur leur santé. D’autres, par contre, tiennent à respecter scrupuleusement les consignes des spécialistes. C’est le cas de cet homme d’âge mûr, trouvé sur place, habillé en tunique grise, dégageant une mine relativement en forme.
Abdoulaye Fall dit avoir fait le déplacement parce que, conscient de son état de santé. « Je suis diabétique et il est important de suivre les conseils de mon médecin ». Il fait partie des gens qui viennent pour adapter leur schéma de médication, demander conseil avant de jeûner. « J’ai tardé à venir voir le médecin parce que j’étais en voyage ».
Mame Fatou Diop vaque tranquillement à ses occupations. Cette habitante de Zac Mbao obéit, elle aussi, à une certaine discipline dans son traitement. Elle respecte, à la lettre, les recommandations de son médecin. La dame nous confie qu’elle jeûne sans problème, depuis le début du mois de Ramadan. « Pour le ‘’kheud’’ et pour la rupture, je m’en tiens au régime que le médecin m’a prescrit : une seule datte et de la boisson chaude, je mange équilibré et je bois assez d’eau. Même si j’abuse parfois du bissap ».
Un service Sms « m-ramadan » pour l’auto-surveillance
Si beaucoup de diabétiques tentent de jeûner, ce n’est pas le cas de ce retraité qui a requis l’anonymat. Son diabète se traite avec des injections d’insuline au quotidien. Ce qui l’exempte de faire le jeûne. Mais, en bon musulman, il se contente de donner de l’aumône. « À la place, j’achète des baguettes de pain que je donne aux nécessiteux qui sont au bas de mon immeuble chaque jour en guise de rupture. Cela, conformément aux enseignements de l’Islam », explique-t-il.
Le Président de l’Association sénégalaise de soutien et d’assistance aux diabétiques (Assad), Baye Oumar Guèye, joint par téléphone, partage avec nous quelques messages mis à la disposition des diabétiques, en cette période de Ramadan. « Pour la rupture du jeûne (« Ndogou »), une ou deux dattes, une boisson chaude, de la bouillie de mil ou une portion d’une autre céréale. Ne vous surchargez pas », nous fait-il lire.
Un service Sms appelé « m-ramadan » est mis en place par le gouvernement depuis 10 ans et est destiné aux diabétiques pour renforcer l’auto-surveillance glycémique, pendant le Ramadan. Il conseille à tous les malades du diabète de se faire consulter par leur médecin avant le Ramadan pour voir s’ils sont aptes à jeûner ou pas. « Si le médecin autorise le diabétique à jeûner, ce sera accompagné d’un certain nombre de recommandations, notamment le respect de la prise de médicaments et l’écoute de son corps, en surveillant la stabilité de la glycémie.
Entre une hyperglycémie et une hypoglycémie, il y a un équilibre à observer », fait-il savoir. Ce qui est constant chez les patients diabétiques, c’est que chacun cherche un équilibre afin de trouver la meilleure formule, pour préparer le mois sacré et de le vivre dans de meilleures conditions sanitaires, tout en maintenant les différents traitements