Ce lundi, à la barre du tribunal d’instance des flagrants délits de Dakar, comparaissait le sieur Amadou Diallo. Il est poursuivi pour détournement de mineure au préjudice d’une fille de 10 ans. Il sera fixé sur son sort le 18 novembre prochain.
Six (6) mois ferme ! C’est la peine requise par le substitut du procureur contre le sieur Amadou Diallo. Poursuivi pour détournement de mineur, il comparaissait, ce lundi, au tribunal d’instance des flagrants délits de Dakar. Il est attrait par le père de A. Sidibé qui lui reproche d’avoir fait des attouchements sur sa fille de 10 ans. Selon la partie civile, ce sont les camarades de classe de A. Sidibé qui lui ont raconté les actes de Amadou Diallo. «J’exerce mon activité commerciale au marché Guelaw. En quittant l’école, Ma fille passe tous les jours devant la boutique du prévenu pour venir à mon commerce. Ce sont ses six camarades de classe qui m’ont fait savoir qu’elle se rend tous les jours dans la boutique du prévenu, mais aussi à son domicile. À les en croire, ce dernier exerce des attouchements sur elle», narre le plaignant.
Des accusations que le mis en cause a balayées d’un revers de main. Âgé de 44 ans, le prévenu, vendeur de lait, dit être victime d’un complot. «J’exhorte la jeune fille souvent à se concentrer sur ses études. Parce que des rumeurs faisaient état qu’elle s’adonnait à des actes impudiques. Le lait caillé que je leur donne, c’est juste de l’aumône que je sors tous les jours», se dédouane-t-il. Mais, pour le juge, ce n’est pas la première fois que Amadou Diallo est cité dans de tels actes. «Tu ne cibles que les filles lorsque tu donnes de l’aumône», lui lance le magistrat.
Selon la victime, A. Sidibé, les allégations du prévenu sont fausses. À l’en croire, Amadou Diallo leur donnait son téléphone pour qu’elle visualise des vidéos pornographiques. Ce, avant de les caresser. Selon la jeune fille, elle allait même parfois jusqu’à son domicile, à Grand Dakar. «Je l’ai connu par l’entremise de mon amie F. Fall. Celle-ci m’avait dit que c’est un gars bien. On se rendait dans sa boutique régulièrement. Il nous offrait du lait caillé et de l’argent. Le jour où je suis partie chez lui avec Fatou Fall, il nous a fait des avances, mais nous l’avons envoyé promener». S’agissant des propos de son amie F. Fall selon lesquels le prévenu a eu à monter sur elle un jour, la victime rétorque : «Non, il nous invitait uniquement à coucher avec lui. Mais on refusait».
Pour les intérêts civils, le plaignant n’a pas réclamé de dommages et intérêts. «Je ne lui demande rien. C’est un voisin. J’ai porté plainte pour qu’il cesse ses actes indécents qui ont fait le tour du marché», soutient-il.
De l’avis du représentant du ministère public, les faits reprochés au prévenu sont suffisamment caractérisés. «Le fait de recevoir une mineure dans l’intimité de sa chambre, suffit à établir le détournement de mineure. Peu importe d’où vient l’initiative de cette visite. La petite a dit que c’est le prévenu qui leur a demandé de venir. Même si le prévenu dit qu’elles sont se présentées à son domicile par surprise. L’enquête a eu à révéler d’autres faits graves que les témoins ont corroborés. En réalité, c’est un homme très nuisible. Il a l’habitude de recevoir les enfants à son commerce ou à son domicile pour leur faire des propositions indécentes», fulmine le parquetier qui a requis une peine ferme de six (6) mois.
Pour l’avocat de la défense, Me Ousseynou Ngom, s’il y avait un soupçon d’abus, le prévenu allait faire l’objet d’une instruction. «La partie civile a initié une procédure préventive. La visualisation des vidéos ne ressort que de simples déclarations des filles. S’il est agresseur sexuel, il comparaîtra à nouveau», plaide la robe noire. À l’issue des débats, le président du tribunal a mis l’affaire en délibéré au 18 novembre prochain.