Un vol d’une rare audace secoue la ville sainte de Touba et suscite l’indignation. Le chef d’agence de Coris Bank Touba 28, identifié sous les initiales M. M. Mbacké, alias Mourtalla, a été arrêté, en même temps que son frère consanguin, H. Mbacké, pour faux et usage de faux en écriture privée, à la suite du détournement de 78 millions de francs CFA dans le compte bancaire du Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké.
Un détournement en plusieurs étapes
Tout commence en mars 2025, lorsque le chef d’agence aurait procédé à trois retraits frauduleux, utilisant des moyens illicites pour soustraire des fonds sur le compte personnel du Khalife. Montant total subtilisé : 78 millions de francs CFA.
Mais le stratagème finit par s’effondrer lors d’une quatrième tentative, survenue le 14 juillet. Cette fois, Mourtalla Mbacké mandate son propre frère, H. Mbacké, pour effectuer un nouveau retrait de 58 millions à l’agence Coris Bank de Darou Marnane, en utilisant un faux chèque.
L’alerte de Serigne Khadim Diop
Le caissier, méfiant, alerte le chef d’agence de Darou Marnane, M. L. S., qui à son tour contacte Serigne Khadim Diop, secrétaire général du Khalife et administrateur du compte. Aussitôt informé, ce dernier saisit le commissaire principal Diégane Sène, qui dépêche ses éléments sur les lieux.
Sur place, les policiers interpellent H. Mbacké, porteur du faux document. Mis en garde à vue, ce dernier déclare avoir agi sur instruction de son frère.
Aveux complets et déferrement à Dakar
Convoqué dans les jours qui suivent, Mourtalla Mbacké avoue tout : il avait déjà réussi à détourner 78 millions en mars, en mandatant un chauffeur de taxi pour encaisser les montants à sa place.
L’enquête bouclée, les deux frères sont déférés au Pool judiciaire et financier de Dakar ce jeudi 17 juillet, où ils devront répondre de leurs actes devant la justice.
Une affaire qui ébranle la confiance
Ce scandale met à nu une grave faille de sécurité dans le système bancaire et provoque une onde de choc au sein de la communauté mouride. Nombreux s’interrogent sur les complicités possibles, le manque de contrôle interne, et la légèreté avec laquelle un compte aussi sensible a pu être frauduleusement manipulé.
L’affaire est désormais entre les mains de la justice, mais les conséquences, elles, pourraient se faire sentir bien au-delà des murs de la banque.