Pour diverses raisons, certaines personnes rentrent au bercail après un séjour à l’étranger. Par contre, d’autres sont rapatriés. Le tout se résume au statut de migrant de retour. Ainsi, une fois au pays d’origine, des structures en charge de la question migratoire décident de les accompagner dans le combat pour la réintégration et la réinsertion sociale et économique.

Depuis son rapatriement, Modou Thiaw, natif de Dakar, s’investit dans la vente de vêtements au marché des HLM. Sur son visage renfrogné, se lit une tristesse qui rappelle des moments douloureux du passé. « En 2019, j’ai été rapatrié de l’Algérie pendant que je tentais de rallier l’Europe. Aujourd’hui, je me bats pour trouver un métier décent afin de subvenir aux besoins », confie-t-il.

Des structures en charge de la question migratoire s’engagent à apporter des solutions aux problématiques liées à la migration. C’est l’exemple du Centre sénégalo-allemand d’information pour l’emploi, la migration et la réintégration. Établi au rez-de-chaussée de l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ), il reçoit quotidiennement des migrants de retour en quête d’information, comme le fait savoir Adrien Michel Diedhiou, conseiller technique en migration.

Sur sa table, sont éparpillés des fascicules, des fiches et tant d’autres documents. À côté, des étagères contiennent des livres superposés et minutieusement rangés. « Chaque année, nous soutenons une quarantaine de migrants. Et depuis qu’on a commencé, en 2019, nous avons appuyé cent cinquante (150) dont 80% sont des migrants de retour. Ces migrants reviennent de beaucoup pays. Parmi eux, il y a beaucoup de rapatriés. On donne du matériel leur permettant de développer leur propre activité », informe M. Diedhiou.

Les migrants intéressés sont mis dans des sessions de formation en entreprenariat. À l’issu de celles-ci, ils soumettent leurs projets. Ces derniers sont étudiés et validés par un comité constitué de plusieurs structures telles que la GIZ, une agence allemande pour la coopération internationale, l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ), l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII), la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE), la Délégation de l’Union européenne (UE)…

Lancement de fonds régionaux pour appuyer les migrants

À entendre parler Pape Assane Mbaye, les Bureaux d’Accueil et d’Orientation des Sénégalais de l’Extérieur (Baos) ont un champ d’intervention plus large. Joint par téléphone, le point focal au Baos de Rufisque explique : « Les quarante-six (46) départements du pays abritent chacun un Baos. D’ailleurs, ces derniers ont permis de lancer des fonds régionaux pour une durée d’un mois (15 avril/15 mai 2022). Pendant cette période, le migrant dépose son projet dans son département. Après clôture des dépôts, on passe à la sélection, puis on donne les premières aides en matériel ».

Le projet individuel bénéficie du matériel d’une valeur allant de cinq cent mille (500.000) à deux millions de francs CFA (2.000.000f). Quant aux Associations ou organisations, elles obtiennent une valeur de deux millions (2.000.000) à cinq millions de francs (5.000.000f). Pour être éligible, le migrant présente un certificat de résidence, un casier judiciaire et une photocopie de sa pièce d’identité. « On ne leur demande plus de rédiger les projets. Il y a une fiche à remplir où ils répondent aux questions posées. Après remplissage, le bureau comprend les ambitions de chacun. Toutefois, des métiers comme le commerce, l’immobilier et la conduite de taxi ne sont pas éligibles », renseigne M. Diedhiou.

Réintégration de trois mille (3000) migrants…

Sur la question de la prise en charge, Mouhamed Lô, jeune migrant, ne passe pas par quatre-chemins : « On n’a rien vu depuis notre retour. On a crié à travers les médias, mais rien ! C’est la triste réalité ! ». Il espère tout de même voir son dépôt aboutir favorablement. « Il y a, à peu près, dix jours de cela, j’ai déposé au Baos de Kaolack. J’ai été informé tardivement. Mon projet porte sur la couture. De toute façon, je suis là et j’attends ».

Le jeune migrant peut se réjouir des promesses du chef de la Division Migration et Suivi des Accords de Travail (DMSAT) au niveau de la Direction de l’Emploi, de la Formation Professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion (DE). À en croire Jean-Luc Gomis, la DMSTA a signé cette année, avec la Direction Générale d’Appui aux Sénégalais de l’Extérieur (DGASE), un partenariat dans lequel les deux s’engagent à réintégrer trois mille (3000) migrants dans l’emploi salarié. Ce, dans le cadre de la convention nationale État employeur, programme qu’il gère avec son équipe au niveau de la DE.

Selon lui, ces migrants seront aidés à trouver des plans d’action pour s’installer dans l’auto emploi. Aussi, à écrire des projets, à mettre en place un business plan, à se rapprocher des structures capables de les financer…’’

Pour Adja Diodio Mbow, une assistance psychologique est aussi nécessaire. La représentante du Centre de Guidance Infantile et familiale (Cgif) explique : ‘’On est en train de travailler pour mettre en place un projet dénommé Dispositif Itinérant d’Appui Psycho-social aux migrants de retour (Diap). On essaie de les accompagner sur le plan psychologique et social afin de favoriser leur réintégration dans la société, les autonomiser en leur trouvant un emploi’’.

 

El hadji Fodé Sarr (stagiaire)