DÉBATS TRÈS HOULEUX ENTRE OPPOSITION ET MAJORITÉ

 

A peine ouverte, peu avant midi, la séance plénière portant sur l’examen du projet de loi n°04 -2022 modifiant la loi n°2021-35 du 23 juillet 2021 portant Code électoral connait ses premiers incidents. Des insultes ont même fusé. « Arrête de ment… », a lancé Sira Ndiaye (BBY), s’adressant à Cheikh Abdou Mbacké (opposition).

 

Faisant appel au règlement après la lecture du rapport de la commission des Lois, de la Décentralisation, du Travail et des Droits humains, le député Cheikh Abdou Mbacké a réclamé la parole, à travers une question préalable, demandant l’ajournement des débats autrement dit le retrait du projet de loi (augmentation des députés, passant de 165 à 172), insistant sur « son impertinence ». A en croire l’opposant, le pouvoir devrait chercher le « moyen » de réduire le nombre de députés et non le contraire. Dans la mesure où « son application entraînera des charges financières supplémentaires pour l’État », qu’il estime à 1 milliard 109 millions F CFA, dont 385 millions F CFA en achat de véhicules pour les sept députés supplémentaires, et 630 millions F CFA de salaires, entre autres « privilèges », a-t-il renchéri. « Les Sénégalais ne méritent pas ça », a-t-il asséné.

 

Par ailleurs, il a poursuivi ses propos, en rappelant le Protocole de la CEDEAO interdisant toute réforme importante de la loi électorale dans les six mois qui précèdent une élection. Il ajoutera qu’il n’y a pas eu consensus ». Jusqu’à cette étape aucun incident ne sera noté. « Monsieur le président, hier soir, vers 21h35, le président Macky Sall a convoqué ses députés, leur demandant de faire un amendement visant la diminution sur la liste proportionnelle… ». C’est là que le camp de la majorité réagira vigoureusement dénonçant « des contrevérités ». Le président de l’Assemblée nationale peinera à calmer les ardeurs. Ses interventions seront vaines.

 

Prenant la parole malgré la clameur, le président de la Commission, Yoro Sow objectera que « les raisons évoquées sont fallacieuses et erronées », tout en indiquant que « les incidences financières sont inéluctables. « Il y a bel et bien eu des concertations », appuiera la députée Yeya Diallo par ailleurs rapporteur de la Commission, signalant que le député concerné n’avait pipé mot en commission.

 

Le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, a invoqué « un faux débat ».

En effet, « cette décision ne découle pas d’une volonté unilatérale car elle est le résultat d’un consensus trouvé au niveau des concertations menées, avec les différents pôles politiques existants (majorité-opposition et non-alignés) », souligne le rapport issu des travaux en commission.

La question préalable sera rejetée par la majorité parlementaire.

Les discussions entamées, du côté de l’opposition, Toussaint Manga a déjà signifié qu’il ne votera pas la réforme.

Dié BA

15 avril 2022