Les régimes qui se sont succédé dans la gestion de notre pays ont en commun d’avoir été intimidants.
De plus, les intérêts de quelques-uns l’ont beaucoup trop souvent emporté sur l’impérieuse nécessité de privilégier ce qui est appelé intérêt général et qui peut être défini comme la capacité des individus à transcender leurs appartenances et leurs intérêts pour exercer la suprême liberté de former ensemble une société politique.
Ces différents régimes ont, à maintes reprises, certes à des degrés différents, mis leurs intérêts immédiats, y compris donc ceux de leurs proches et alliés, au-dessus de ce que recommande l’éthique républicaine.
Ils ont tous, sans exception, caporalisé la télévision et la radio publiques et les ont transformées en organes de propagande gouvernementale. Ils ont menacé et fermé des médias, sans oublier d’user de la violence dite légitime pour réprimer les contestataires et embastiller des opposants. Tout Sénégalais, quel que soit son bord politique, peut témoigner de cet état de fait socio-historique.
Même si, fort heureusement, nous n’avons jamais vécu de coup d’Etat, et si les moments de paix ont largement dominé les moments de tension extrême, la violence verbale et physique a malheureusement trop souvent accompagné le jeu politique sénégalais. Des forces de l’ordre et/ou des milices privées ont martyrisé des individus et saccagé des biens publics et privés, divers et variés. D’un autre côté, certains médias se sont faits spécialistes de l’insulte et de la calomnie tandis que d’autres ont tout simplement été saccagés. Des pseudo-sentinelles, des e-combattants ou « répondeurs automatiques » lyncheurs de pensée ou d’opinion ont régulièrement inondé les fora de discussion pour défendre les tenants des différents régimes ou des leaders de l’opposition.
Malgré tout, nous pouvons témoigner de la liberté qui a toujours été donnée à tout un chacun de critiquer les groupements et individus d’un camp quelconque sans faire l’objet systématique d’une pluie d’insanités, de menaces ou de violences physiques pouvant aboutir à l’incendie de sa maison.
La grande nouveauté aujourd’hui, c’est la systématisation du risque de violence verbale et physique sur toute opinion divergente. Les réseaux sociaux sont devenus un lieu où règne à outrance cette pensée unique. Aucune opinion divergente n’y est plus admise. Le Sénégal ayant toujours été un pays de dialogue, de débat d’idées et de bouillonnement intellectuel, nous perdrions gros si le débat contradictoire dans l’espace public (Fora, Télévisions, Radios et Réseaux sociaux) y devenait quasi impossible, par crainte de représailles, sous quelque forme que ce soit.
Les militants et sympathisants des camps opposés peuvent discuter, arguments à l’appui, sans verser dans l’inacceptable. Autant nous combattrons par tous les moyens légitimes et légaux les dérives de l’Etat et de ses tenants, autant nous ne saurions nous taire par peur de représailles d’individus qui considèrent qu’ils détiennent la vérité absolue et que toute divergence avec leur compréhension et conviction ressemblerait à un outrage. Lorsque nous en arrivons à ce que des journalistes et des intellectuels soient systématiquement insultés et menacés pour avoir simplement donné un avis différent de celui d’autres, nous perdons ce qui, entre autres, a toujours fait la spécificité de ce pays : chérir la réflexion, l’analyse et le débat.
Il est donc plus qu’impératif que nous sauvegardions, sans avoir à en payer le prix, cet inestimable bien public qu’est la liberté d’opinion. L’espace public démocratique est un espace de contradictions et non d’unanimisme. Si on ne se gêne pas pour critiquer avec force les actes et manquements du régime en place, il ne saurait être question que l’on nous enserre dans un corset de pensée unique, sous peine d’insultes, de railleries et de menaces. Être Républicain/Démocrate/Patriote/Citoyen c’est aussi être capable de faire preuve d’esprit d’ouverture et de dépassement pour favoriser le débat constructif en toutes circonstances. Le respect de la pluralité des expressions libres et responsables est une condition sine qua non pour la sauvegarde de notre volonté commune de vivre ensemble dans un Sénégal paisible et respecté.
SIGNATAIRES
1- Abdou Khadre LO, Consultant Régulations & TIC.
2- Omar GUEYE, Pharmacien, Canada
3- Cheikh Oumar SY, Ancien Député, Président OSIDEA
4- Birahim SECK, Forum Civil
5- Bamba KASSE, SYNPICS
6- Élimane Haby KANE, Président LEGS Africa
7- Mame Adama GUEYE, Avocat
8- Serigne DIAGNE, Directeur de Dakaractu
9- Mamadou Awa NDIAYE, 7TV
10- Alassane Samba DIOP, Emedia Invest
11- Mamoudou Ibra KANE, Emedia Invest
12- Bouba Ndour, TFM
13- Aminatou SAR, Directrice ONG
14- Moctar FALL, Personnalité indépendante de la société civile
15- Ameth LO, Consultant IT, Canada
16- Oumar NDAO, PDG African Payment Gateway
17- Mbaye Seck DIOP, Informaticien, Chairman/Deputy CEO, African Payment Gateway
18- Momar MBENGUE, Jurifiscaliste
19- Cheikh GUEYE, Géographe, Cadre unitaire de l’Islam au Sénégal (CUDIS)
20- Seydi GASSAMA, Défenseur des droits humains/Sénégal
21- Moustapha KEBE, Banquier, USA
22- Babacar FALL, RFM
23- Khaita SYLLA, Personnalité indépendante de la société civile
24- Bakary SAMB, Directeur de Timbuktu Institute
25- Ousmane GUEYE, Chirurgien
26- Seydi Diamil NIANE, IFAN, UCAD
27- Cheikh Abdou Lahad THIAW, Enseignant-Chercheur, UCAD
28- Elene TINE, Consultante en développement social
29- Souleymane NIANG, Groupe Futurs Médias
30- Moussa AW, Avocat
31- El Hadji Gorgui Wade NDOYE, Fondateur de Continent Premier, Suisse
32- Maimouna Ndour FAYE, Directrice 7TV
33- Mamadou Jean-Charles TALL, Personnalité indépendante de la société civile
34- Boubacar SIGNATE, Médecin urgentiste
35- Babacar GUEYE, Prof de droit, UCAD, Président COSCE
36- Oumar El Foutiyou BA, Ecrivain
37- Mamadou DRAME, Enseignant Chercheur, UCAD
38- Ken BUGUL, Ecrivaine
39- Alassane DIOP, Enseignant-Chercheur, UVS
40- Ahmed Karim CISSE, Secrétaire Exécutif CSF
41- Diaka NDIAYE, Journaliste-productrice, Belgique
42- Pape Djiby BA, Artiste leader fondateur Suisse Africa, Suisse
43- Alune WADE, Artiste-Musicien, France
44- Fanta SOUNDOULOU, Artiste-Musicienne, Espagne
45- Babacar DIOUF, Biologiste, USA
46- Pa Assane SECK, Journaliste SenTV
47- Elhadji Alioune Diouf, Commissaire aux enquêtes économiques
48- Pathé DIENG, Enseignant-Chercheur, Université Lyon, France
49- Moussa SARR, Avocat
50- Sadikh NIASS, RADDHO
51- Souvasin DIOUF, Professeur de médecine
52- Jean-François DIENE, Médecin
53- Rokhaya NDIAYE, Experte en Développement du Capital Humain
54- Boucounta DIALLO, Avocat
55- Falilou DIOUF, Auditeur Conseil
56- Maurice Soudieck DIONE, Enseignant Chercheur, UGB
57- Denis Ndour, LSDH
58- Alioune TINE, Afrikajom Center
59- Abdou Karim DIARRA, Journaliste
60- Elhadji Oumar DIOP, Coordonnateur Handicap FormEduC / CRPH
61- Maimouna Isabelle DIENG, Directrice Exécutive de la plateforme des acteurs non étatiques
62- Alassane SECK, Secrétaire Exécutif, LSDH
63- Rokhiatou GASSAMA, Personnalité indépendante de la société civile
64- Karfa Sira DIALLO, Fondateur-Directeur de l’Association Internationale Mémoires et Partages
65- Fatu Jagne SENGHOR, Juriste
66- Safietou DIOP, Réseau Siggil Jigeen
67- Malick DIOP, Plateforme des acteurs non étatiques
68- Assane DIAGNE, Toi Du Monde/Sénégal
69- Momar SECK, Plasticien, Suisse
70- Samba FALL, Ingénieur
71- Makane Moise MBENGUE, Professeur Université de Genève/ Sciences Po Paris
72- El Hadji DIALLO, Informaticien, Suisse
73- Hawa BA, Sociologue
74- Fatimata DIALLO, Ecrivaine
75- Abdourahmane DIOUF, Juriste, ancien Directeur Exécutif CIS
76- Mamoudou WONE, Directeur Enquête Publications
77- Pierre-Edouard FAYE, Journaliste, Walfadjri
78- Ibrahima Lissa FAYE, Président Association des professionnels de la presse en ligne (APPEL)
79- Mabousso THIAM, Personnalité indépendante de la société civile
80- Houreye THIAM, Journaliste /Ris/ Plateforme des femmes pour la paix
81- Oumy Régina SAMBOU, Journaliste et consultante en communication
82- Bijou BOB, Journaliste
83- Khadim Bamba DIAGNE, Economiste/Ecrivain
84- Moustapha Mbengue, Enseignant-Chercheur, EBAD, UCAD
85- Fatimata Diallo BA, Professeure de lettres, Ecrivaine
86- Babacar Ndiaye Amdy DIOUF, Chirurgien-dentiste
87- Kémo TOURE Jr, Ingénieur centralien, Fondateur de Wutiko
88- Mamadou Demba NDOUR, Gynécologue-obstétricien
89- Mamadou Mansour DIOUF, Anesthésiste-réanimateur, Bordeaux, France
90- Khadim NGOM, Cardiologue, Bordeaux, France
91- Hamidou ANNE, Haut fonctionnaire, Écrivain
92- Fanta DIALLO, Sociologue
93- Makhan DANFAKHA, Médecin
94- Corinne TCHANIA, Médecin
95- Cheikh Mbacké LO, Professeur titulaire des université, Agrégé de santé public
96- Djiby NDIAYE, Administrateur de sociétés
97- Moustapha THIAM, Gynécologue
98- Rose SAMB, Journaliste et Entrepreneure
99- Pape SENE, Journaliste
100- Racine Assane DEMBA, Conseiller en stratégie de communication