Le baril de brut américain a atteint son plus bas niveau depuis plus de vingt ans, à un cent. Le baril de Brent, qui sert de référence en Europe, s’affiche à 27,64 dollars mais l’Opep s’attend à un choc « extrême et brutal ».
La crise du coronavirus -et la guerre des prix lancée ces dernières semaines par l’Arabie Saoudite pour obliger la Russie à réduire sa production – font plonger le prix de l’or noir à des niveaux historiquement bas.
Le baril américain West Texas Intermediate (WTI) a dégringolé de plus de 18,7 % à 14,84 dollars l’unité dans les premiers échanges asiatiques, ce lundi, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord reculait de 1,5 %, à 27,64 dollars le baril. A la mi-journée, le WTI enregistrait 35% de chute, à 11,7 dollars et en fin d’après-midi, il chutait sous les 10 dollars symboliques avant de passer à 1 cent dans la soirée !
Si l’Arabie Saoudite et la Russie sont parvenus au début du mois à régler leur différend en acceptant avec d’autres pays de l’Opep de réduire leur production de près de 10 millions de barils par jour pour tenter de soutenir les cours, l’opération se solde pour le moment par un coup d’épée dans l’eau.
La crise économique mondiale qui se profile et la chute de la demande pendant la pandémie entraînent sur le marché une crise de sur production de pétrole. Selon les analystes, les réductions annoncées par l’Opep, même si elles sont historiquement importantes, ne suffisent pas à compenser les chutes massives de la demande provoquées par la pandémie.
Une chute de la consommation historique
L’Opep anticipe pour 2020 « un choc historique, brutal, extrême et d’ampleur planétaire ». Selon les prévisions dévoilées dans son rapport mensuel, jeudi dernier, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) attend une consommation mondiale atteignant cette année 92,82 millions de barils par jour (mbj), soit une baisse « sans précédent » d’environ 6,85 mbj par rapport à 2019 (-6,87 %). Il devrait s’agir du premier recul annuel de la consommation pétrolière mondiale depuis 2009 et la crise financière.
« La pandémie de Covid-19 affecte désormais la demande pétrolière de nombreux pays et régions, avec un impact sans précédent sur les besoins, notamment en carburants pour les transports », relève l’Opep alors que les flottes des compagnies aériennes restent clouées au sol et que les mesures de confinement de par le globe paralysent les déplacements. Dans ce contexte, la demande mondiale de brut devrait dégringoler de 12 millions de barils par jour au deuxième trimestre par rapport à l’an dernier, avant une reprise timide : le repli attendu serait 6 mbj au troisième trimestre et d’environ 3,5 mbj sur les trois derniers mois de l’année.
Des tankers utilisés pour stocker le pétrole
Face à cette situation, les pétroliers se retrouvent avec des quantités de stocks sur les bras. L’administration américaine de l’information sur l’énergie a fait savoir que les stocks de brut du plus grand producteur mondial de pétrole ont augmenté de 19,25 millions de barils la semaine dernière.
Alors que les cuves des infrastructures existantes sont pleines, les pétroliers sont obligés de trouver de nouvelles solutions pour stocker le pétrole. Le premier bénéficiaire est le fret maritime. Les tankers qui servent de « stockage flottant » sont envoyés vers les pays qui ont encore des capacités de stockage. Pour l’Opep, cette situation « souligne le gonflement de la surabondance de brut et de produits dans le monde. »
Avec Le parisien