Le nombre de cas graves a doublé en quinze jours. La quinzaine qui vient de s’écouler a mis en évidence un nombre quotidien croissant de cas graves avec une petite fluctuation entre le vendredi 26 juin et le dimanche 28 juin 2020. La première semaine de cette quinzaine a vu les cas graves passer de vingt et un (21) à vingt sept (27) soit une hausse de six (6) cas graves tandis que la seconde semaine a fait passer les cas graves de vingt sept (27) à quarante huit (48) soit une hausse de vingt et un cas graves (21). Cette dernière semaine a non seulement consolidé une croissance journalière ininterrompue des cas graves mais a aussi amplifié leur ampleur. D’une hausse de six (6) cas graves en fin de l’avant dernière semaine, elle est passée à vingt et un (21) aujourd’hui en fin de semaine soit une multiplication par 3.5. Dans cette dernière quinzaine la première semaine a enregistré une moyenne de trois (3) décès par jour tandis que la deuxième semaine a vu cette moyenne s’accroître et s’établir à quatre (4) décès par jour. Cette tendance, d’accroissement journalier des cas graves, amorcée depuis quinze jours, aura des conséquences certaines sur le nombre de décès des quinze jours à venir et des semaines suivantes.
La question essentielle est : comment briser cette rampe mortelle qui s’est installée ? Car si elle n’est pas enrayée, très bientôt nous aurons à faire face à une réalité plus macabre, compter quotidiennement une dizaine de décès voire plusieurs dizaines de décès.
Regardons la réalité en face. Il n’y a pas jusqu’à présent de médicaments et de vaccins contre la covid19 ! La seule véritable arme dont nous disposons est la prévention. Elle est mise en action à travers la sensibilisation, l’appropriation des mesures barrières par les individus et les communautés, la détection précoce des cas positifs et de leurs contacts et leur isolement pour éviter la propagation du virus, les mesures administratives intelligentes et multiformes que doivent prendre les pouvoirs publics pour enrayer la chaîne de transmission ou étouffer dans l’œuf les foyers réels et potentiels de la maladie, la mise à niveau du système de santé et la motivation du personnel de santé.
Au début de la pandémie, la plupart des Chefs d’État avaient fermement parlé d’une déclaration de guerre, malheureusement au fur et à mesure que la pandémie progressait, la survie économique et sociale prenant le dessus, les autorités des différents pays sont devenues pacifistes presque collaborationnistes, et les opinions publiques ont eu du mal à comprendre les nouveaux messages à la fois plus subtiles et plus ambigus. Une frange des opinions publiques en a déduit que le virus n’était plus dangereux, ne tuait plus, jusqu’à même nier son existence. L’autre frange s’est démobilisée abandonnant les mesures barrières ou les appliquant avec beaucoup de légèreté. Seule une minorité a continué à être consciente du danger que représente la covid19.
Le Sénégal n’est pas malheureusement une exception. Nous faisons, avec nos particularités enviables ou détestables, ce que font les autres, ailleurs. Attendons nous alors de vivre, à notre échelle, certes atténuées par le profil démographique de notre population, des situations comparables, celles qu’ont vécu certains pays européens ou celles que d’autres pays d’Amérique sont en train de vivre en face de nous sur l’autre rive de l’Océan Atlantique.
Les populations africaines sont résilientes. Elles l’ont démontré dans leur longue et tragique histoire. Le traumatisme du naufrage du bateau le Joola a du mal à se cicatriser. Une tragédie d’une ampleur incomparable se prépare : l’extermination des vieilles personnes par la covid19. Nous avons l’avantage de la voir venir, de sentir ses prémices, certains d’entre nous la vivent déjà. Bientôt, si nous n’y prenons garde, chaque famille aura, malheureusement, une personne proche atteinte de covid19 ou connaîtra une vieille personne décédée suite à la maladie. Sommes-nous prêts à conjurer cette catastrophe humaine, économique, sociale et culturelle? Sommes-nous disposés à voir nous quitter, une à une, ces vieilles personnes que nous chérissons par dessus tout, que nous adorons, qui embellissent le foyer familial, y apportent gaieté et humour, y partagent connaissances et expériences ! Aucune africaine et aucun africain ne le souhaitent, les sénégalais encore moins. Il est alors temps de se remobiliser à tous les niveaux et d’appliquer rigoureusement, quotidiennement les mesures barrières.
Il nous faut aussi lutter fortement contre les effets collatéraux néfastes de la covid19 :
– en respectant pour les enfants le programme élargi de vaccination ;
– en faisant les visites prénatales et postnatales pour les femmes en état de grossesse ;
– etc.
Cette pandémie ne devrait pas être le facteur de résurgence d’épidémies déjà maîtrisées ou de la remontée de la mortalité maternelle liée à la grossesse.
Pensons aux vieilles personnes et aux autres personnes vulnérables. Appliquons les recommandations des autorités de la santé.
Unis et engagés, nous vaincrons !
Mary Teuw Niane
Dimanche, 5 juillet 2020.