La société sénégalaise Électricité du Rip (EDR), dirigée par Serigne Abdou Sy, fils de Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum, a traîné l’État du Sénégal devant le Tribunal de la Chambre de commerce internationale (CCI) de Paris pour rupture unilatérale de contrat. Alors que les frais de dossier s’élevaient à 157 millions FCFA, l’Agence judiciaire de l’État (AJE) a refusé de les payer, mais a débloqué près de 3 milliards FCFA pour les honoraires.

Suite à la résiliation du contrat concernant la fourniture d’électricité dans les zones rurales de Kaolack, Fatick, Gossas et Nioro, EDR a décidé de porter l’affaire devant le Tribunal de la CCI à Paris. Ce contentieux est né après que le président Macky Sall a annoncé, le 31 décembre 2016, une baisse des tarifs de l’électricité, décision qui a provoqué des désaccords sur les compensations financières.

EDR, en tant que seul opérateur privé national de fourniture d’électricité, avait refusé de signer l’addendum proposé par le ministère de l’Énergie en raison du manque de garanties financières du Fonds de soutien à l’électricité (FSE). En mai 2020, l’État du Sénégal a mis fin aux négociations sans répondre aux propositions d’EDR, représenté par le Cabinet Me Mame Adama Guèye et Associés et la firme Mayer Brown.

L’État du Sénégal, défendu par le Cabinet Lazareff Le Bars, a été accusé de sabotager délibérément la procédure en retardant le traitement du dossier par une « demande de bifurcation » contestée par le Tribunal arbitral en mai 2022. Malgré les tentatives d’EDR de régler les frais d’arbitrage, l’AJE n’a pas payé sa part, entraînant la suspension des poursuites en février. Cependant, ces charges peuvent être réintroduites à tout moment.

Le montant total des frais engagés par l’État du Sénégal s’élève à près de 3 milliards FCFA, soulevant des questions sur la gestion de cette affaire par l’AJE.

Makhaly Ndiack Ndoye
Source: L’Observateur