Les producteurs n’auront plus à brader leurs récoltes, à cause d’un manque d’infrastructures pour les garder en toute sécurité. La révélation a été faite, hier, par Omar Ndiaye, adjoint au gouverneur chargé des Affaires administratives qui présidait la cérémonie de remise du récépissé d’entrepôt de Diourbel, dans le cadre du financement de l’arachide.

‘’Le récépissé d’entrepôt, c’est un jargon nouveau ici à Diourbel, qui est mis en place par le président de la République, Macky Sall, dans sa vision d’aider et de rendre autonome l’agriculteur sénégalais. Nous savons que Diourbel est une région rurale, agricole’’, a-t-il dit. Ce récépissé d’entrepôt vient pallier un manquement, parce que la majorité des points de collecte ne fonctionne pas.

Et cette non-fonctionnalité crée des difficultés aux agriculteurs, parce qu’ils n’ont pas où stocker. Ce qui fait qu’ils bazardaient leurs produits au niveau des marchés hebdomadaires. Pour y mettre fin, l’Etat a mis en place un système de récépissé d’entreposage, pour permettre aux agriculteurs et aux producteurs de venir stocker leurs récoltes, en attendant des lendemains meilleurs.

Le gouverneur adjoint : ‘’Je crois que ça aussi, c’est un autre moyen de combattre ces opérateurs véreux qui ne respectent pas les prix-plancher fixés par l’Etat. Ça permettra à l’agriculteur d’être hors de danger par rapport à ces spéculateurs véreux. Nous savons tous qu’il y a certains qui ne respectent pas les prix-plancher dans le domaine de l’arachide fixés par l’Etat qui est 250 F CFA le kilogramme. Nous sommes en train de les combattre’’.

Auparavant, Idrissa Junior Diallo, le directeur général de l’Organe de régulation du système de récépissé d’entrepôt de marchandise au Sénégal (ORSRE), avait décliné l’objet de leur présence à Kadam.

« ’Nous sommes là, aujourd’hui, pour lancer les travaux de premier récépissé d’entrepôt de marchandise délivré dans le cadre du projet pilote qu’on organise pour la commercialisation de l’arachide. Le récépissé d’entrepôt vient éviter aux producteurs de brader leurs cultures, mais aussi, il vient résoudre leurs besoins en ressource financière dans des moments difficiles ».

« Aujourd’hui, le producteur disposant de son stock, dispose de sa propre garantie. Nous mettons à leur disposition des entrepôts agréés. Et une fois que le stock est enregistré, le producteur reçoit son récépissé. Et celui qui délivre le récépissé d’entrepôt est une entreprise spécialisée dans la gestion des stocks qui garantit tout dégât du stock, en cas de vol ou de détérioration, en cas d’incendie. Si le producteur dépose là-bas, il n’a plus aucune crainte. La banque partenaire, quand elle reçoit le récépissé, elle a l’obligation de financer le déposant, dans les 48 heures’’, explique Idriss Diallo Junior.

Pour le moment, le comité chargé de valider les récépissés d’entrepôt a agréé 12 entrepôts dont les 9 sont installés au niveau de la région de Diourbel. L’entrepôt a une capacité de plus de 200 tonnes.

L’avantage, c’est d’éviter tout ce qui est perte post-récolte, parce que le produit est stocké dans un endroit sûr.

Il permet aussi de protéger, car il est constaté, d’après Idriss Diallo Junior, ‘ »avec l’arrivée des étrangers, chacun est tenté de vendre même le capital semencier. Le Sénégal risque de ne pas avoir de capital semencier, surtout en termes d’arachide. C’est un système qui vient sécuriser. Il y a des polices d’assurance dans tous les entrepôts de stock. Les taux de remboursement tournent autour de 7 et 10 % au maximum. Toutes les spéculations concernent l’arachide, le mil, le niébé et le maïs ».

Pour rappel, le récépissé d’entrepôt est un document ou un titre de propriété, au regard de la loi 2017-29 du décret d’application 2020-729 qui est un titre de créance. Il est venu pour soulager les producteurs dans la façon de commercialiser des produits. Il est appelé à être un instrument de crédit et de garantie à la disposition de tout utilisateur du système de récépissé d’entrepôt.

Ce dernier vise, notamment, à instaurer un marché performant et résilient de récépissés d’entrepôt de marchandises pour rendre plus dynamiques l’économie et les échanges, contrairement au récépissé warrant du Code des obligations civiles et commerciales du Sénégal, aujourd’hui tombé en désuétude dans la pratique des affaires.

Il vise, aussi, à créer, pour les producteurs, un moyen innovant d’accès aux financements des établissements de crédit et des systèmes financiers décentralisés, à l’image de la lettre de change, du billet à ordre ou du bordereau de gage de stocks, à servir également, de sûreté aux fins de garantir les financements accordés, à favoriser la mise en place, au niveau national, d’entrepôts de marchandises de toute nature, répondant aux standards internationaux et à professionnaliser la fonction d’entreposeur au Sénégal.
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