Le climat actuel de reddition des comptes, centré sur la gestion des deniers publics, a pris une tournure inquiétante. Ce qui devait être une démarche transparente pour garantir la bonne gestion des fonds publics est devenu une chasse aux sorcières, où les hommes d’affaires sont devenus des victimes collatérales d’une croisade politique contre des adversaires.

Ce processus a transformé les entrepreneurs sénégalais en cibles, avec leurs activités minutieusement scrutées, et leurs relations passées examinées de manière détaillée. Une sorte de criminalisation de la richesse s’est installée, rendant toute réussite entrepreneuriale suspecte et, dans certains cas, accusée de collusion entre la classe politique et l’élite économique.

Il semble y avoir une contradiction flagrante entre les discours du gouvernement, qui prône une souveraineté économique et l’encouragement de champions nationaux, et la réalité de la mise sous pression des entrepreneurs. En cherchant à discréditer ces hommes d’affaires, l’État a, de manière non intentionnelle, créé un climat où la réussite économique est vue comme une forme de tricherie ou de privilège injuste. Les entrepreneurs sont régulièrement jetés à la vindicte populaire, et leurs réussites sont interprétées comme des délits d’initiés. Cette situation nourrit un climat de suspicion et d’hostilité envers les secteurs économiques dynamiques du pays, démoralisant davantage ceux qui essaient de réussir.

L’État semble à la fois vouloir promouvoir une économie forte, tout en fragilisant ceux qui ont construit des entreprises et généré de la richesse au fil des décennies. Au lieu d’être des moteurs du développement économique, les hommes d’affaires sont désormais perçus comme des boucs émissaires. Si cette dynamique continue, il est légitime de se demander comment le pays pourra attirer de nouveaux investissements ou même garantir la stabilité de son économie. Les tensions croissantes, alimentées par des procédures judiciaires souvent sans fondement, rendent l’environnement économique encore plus incertain, poussant certains entrepreneurs à migrer dans la sous-région ou dans les pays du Golfe, avec à la clé la mise en faillite de leurs entreprises locales.

Ce phénomène d’exil est symbolique de la détresse croissante des hommes d’affaires sénégalais, qui sont confrontés à des pressions fiscales insoutenables et à une dette intérieure qui peine à être réglée. La gestion de l’économie du pays semble se diriger vers une impasse, où le grand remplacement des élites économiques par des individus sans expérience ni réseau pourrait se produire. Cette situation risquerait de détruire le tissu économique sénégalais, fragilisé depuis les indépendances par un capitalisme local encore en développement.

En conclusion, la chasse aux sorcières contre les hommes d’affaires, sous des prétextes politiques ou économiques, pourrait avoir des conséquences dramatiques. En attaquant ces acteurs économiques, l’État met en péril l’ensemble de l’économie nationale, et il pourrait finir par détruire les bases mêmes de l’industrialisation et de l’entrepreneuriat au Sénégal.