L’élection présidentielle de demain, dimanche 24 mars, programmée en son premier tour, regorge d’enjeux cruciaux pour le devenir du Sénégal, tant la demande est forte et impérative à tous les niveaux. En effet, il ne s’agit pas seulement pour le futur président qui sortira du verdict des urnes de répondre de manière pragmatique et intelligente aux grands défis ayant trait à l’hyperprésidentialisme, à la réforme des institutions, à l’Etat de droit, au renforcement des droits de l’homme malmenés de 2021 à 2024. Le successeur de Macky Sall est aussi appelé à régler, tant soit peu, toutes ces urgences qui accablent le quotidien du Sénégalais. Celles-ci ont minimalement pour noms cherté de la vie, insécurité alimentaire, mal gouvernance, corruption, non-redevabilité, accès fragmentaire aux soins de santé et aux spécialistes, malaise du système éducatif, sous-emploi et mal vivre de la jeunesse, déficit de confiance à l’endroit du système judiciaire entre autres. Sud Quotidien dresse un petit état des lieux.

LUTTE CONTRE LA CHERTE DE LA VIE, BAISSE DES PRIX DU LOYER, ATTEINTE DE LA SOUVERAINETE ALIMENTAIRE – Le chemin de croix du prochain Président

Au cours des dernières années de son mandat, le Président de la République Macky Sall s’était engagé à réduire le coût de la vie des Sénégalais. Pour ce faire, l’Etat a pris des mesures fortes visant à atténuer l’ampleur de la hausse des prix en réduisant certaines taxes qui pesaient sur des produits de grande consommation. Malgré les mesures prises, la souffrance des ménages n’est toujours pas allégée. Pour cause, en dépit de tout le dispositif de contrôle qui a été mis en place par le gouvernement à travers le ministère du Commerce, on note toujours une hausse «injustifiée» des prix et même une pénurie de certaines denrées sur le marché. A cela s’ajoute la cherté du loyer qui constitue aussi une véritable équation pour les populations sénégalaises. En 2014, une loi portant baisse des prix du loyer avait été votée à l’Assemblée nationale pour alléger les charges des locataires. Cette loi qui était censée faire baisser obligatoirement le coût du loyer de 29 % au maximum sur les loyers inférieurs à 150 000 FCFA, de 4 % sur les loyers supérieurs à 500 000 FCFA et de 14 % sur les loyers compris entre 150 000 FCFA et 500 000 FCFA, n’a pas produit les effets escomptés. Le 6 novembre 2022, le gouvernement sénégalais est revenu sur cette mesure en annonçant cette foisci, à la place d’une loi, un décret adopté par le Conseil présidentiel du 23 février 2023 pour réguler les prix du loyer. Malgré tous ces efforts consentis par l’Etat, trouver un logement à Dakar est devenu un vrai casse-tête. Le prix du loyer continue ainsi de connaitre une hausse vertigineuse affectant considérablement les revenus des ménages et le pouvoir d’achat des Sénégalais.

Durant les deux dernières années de son mandat, la question de la souveraineté alimentaire a été aussi au cœur des politiques menées par le chef de l’Etat Macky Sall. Considérant le risque élevé de pénurie et de flambée des prix en raison de la crise mondiale, il avait appelé à une mobilisation générale pour accroitre et valoriser davantage nos produits agricoles, d’élevage et de pêche. Son successeur pourra-t-il relever ce défi ? En tout cas, aujourd’hui, cette problématique de la souveraineté alimentaire occupe une place importante dans les différents programmes des candidats à la présidentielle du 24 mars prochain. Ainsi le candidat et ancien ministre de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire Aly Ngouille Ndiaye, s’est de nouveau engagé à ériger la souveraineté alimentaire du Sénégal en priorité, promettant notamment s’il sortait vainqueur du scrutin, d’injecter dès la première année de son magistère, plus de mille milliards dans le secteur primaire. Pour le candidat de la “coalition Déthié Fall 2024″, la souveraineté alimentaire à laquelle rêve le Sénégal peut devenir une réalité grâce au potentiel de la Casamance à condition, a-t-il dit, d’en faire ”le véritable grenier du Sénégal”. En campagne pour la présidentielle de 2024 à Nioro du RIP, le candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar Amadou Ba a axé sa communication autour de la souveraineté alimentaire. Selon lui, à travers, l’agriculture, la pêche, l’élevage et la réhabilitation des vastes surfaces cultivables, il est fort possible d’arriver à l’autosuffisance alimentaire. Le Sénégal parviendra-t-il à atteindre cette souveraineté alimentaire ? La balle est maintenant dans le camp de celui qui sortira vainqueur du scrutin de dimanche prochain.