À l’occasion du 14ᵉ anniversaire du soulèvement populaire du 23 juin 2011, le Front pour une Révolution Anti-impérialiste Populaire et Panafricaine (FRAPP) a interpellé l’État du Sénégal pour exiger l’abrogation immédiate de l’arrêté Ousmane Ngom, toujours en vigueur.
Dans un communiqué diffusé ce 22 juin 2025, le Secrétariat Exécutif National du FRAPP affirme qu’il est incohérent de célébrer le 23 juin tout en maintenant les restrictions que cette date symbolique a combattu :
« On ne peut pas prétendre gouverner au nom du peuple tout en réduisant ses espaces d’expression. »
Un symbole de la lutte démocratique trahi ?
Le 23 juin 2011 reste dans les mémoires comme le jour où les Sénégalais se sont levés contre la tentative de révision constitutionnelle qui aurait permis à l’ancien président Abdoulaye Wade de briguer un nouveau mandat avec un ticket présidentiel controversé. Cette mobilisation citoyenne a été le point de départ des alternances démocratiques de 2012, puis de 2024.
Pour le FRAPP, conserver l’arrêté n°00758 du 20 juillet 2011, pris à l’époque par Ousmane Ngom, alors ministre de l’Intérieur, revient à trahir l’esprit même de cette journée historique :
« En gardant en vigueur un instrument conçu pour museler la rue, le pouvoir actuel tourne le dos à l’héritage du 23 juin. »
Une atteinte aux libertés fondamentales
L’arrêté en question interdit toute manifestation politique dans une large portion du centre-ville de Dakar : de l’avenue El Hadji Malik Sy au Cap Manuel, en passant par les abords du Monument de la Renaissance, les hôpitaux, les tribunaux et d’autres espaces publics.
Pour FRAPP, cette mesure viole les droits fondamentaux garantis par la Constitution et les conventions internationales, notamment les libertés d’expression, de réunion et de manifestation.
Ils dénoncent également une « discrimination territoriale », avec une Dakar à deux vitesses : des zones autorisées à la protestation, et d’autres condamnées au silence.
Une décision en contradiction avec la CEDEAO
La Cour de Justice de la CEDEAO a déjà jugé cet arrêté comme étant arbitraire et illégal, en exigeant son abrogation. Son maintien, selon FRAPP, constitue un refus de respecter les décisions de justice régionales et les engagements internationaux du Sénégal.
« Le changement ne peut être réel si les outils de la répression passée restent en place », conclut le communiqué.