Une nouvelle affaire financière secoue la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), mettant en lumière un trou béant de 1,051 milliard de FCFA dans les comptes de sa filiale, la Société de Construction et d’Aménagement (Secam SA). Ce scandale, révélé par le journal *Libération*, soulève de graves soupçons de détournement de fonds et met en cause l’acquisition controversée de cette entreprise pour 6 milliards de FCFA.

Des retraits suspects et des justifications absentes

Tout commence en septembre 2023, lorsque la CDC acquiert 60 % des parts de Secam SA, avec l’ambition d’en faire un levier stratégique de développement. Cependant, ce qui devait être une opération prometteuse s’est rapidement transformé en casse-tête financier.

Nommé directeur général de la société le 29 mai 2024, Mama Diakhoumpa découvre l’ampleur du désastre : 1,051 milliard de FCFA aurait été retiré des comptes de l’entreprise, sans aucune documentation probante. Les soupçons pointent vers l’ancien actionnaire majoritaire, toujours détenteur de 40 % des parts, et deux de ses employés. Une partie des fonds aurait été redirigée vers une société tierce, « Ndiaye et Ndiaye Diamond », alimentant les suspicions de détournement.

Une acquisition sous le signe des irrégularités

Dès l’origine, l’opération de rachat de Secam SA par la CDC était loin de faire l’unanimité. Le Comité d’investissement de la CDC avait exprimé de fortes réserves sur cette transaction, au point que le ministre des Finances et du Budget avait recommandé de la suspendre. Mais cette mise en garde a été ignorée.

Plus troublant encore, *Libération* révèle que l’acquisition reposait sur un dossier transmis par WhatsApp par les anciens responsables de Secam SA. Une légèreté inexplicable, d’autant que les terrains censés constituer les principaux actifs de la société, situés à Bambilor, étaient déjà hypothéqués à la Bimao.

Enquête en cours, la justice interpellée

Face à ces révélations, le directeur général Mama Diakhoumpa a déposé plainte auprès du parquet financier. L’affaire, confiée à la Division des Investigations Criminelles (DIC), a conduit à l’audition des différents acteurs impliqués. Les conclusions de l’enquête sont désormais entre les mains du procureur financier, alors qu’un éventuel règlement à l’amiable reste envisageable.

Une institution ébranlée

Ce scandale jette une ombre sur la gestion de la CDC, un pilier du financement public au Sénégal. Entre acquisition précipitée et fonds disparus, il soulève des questions sur le respect des procédures internes et la surveillance des filiales.

Pour Secam SA, cette affaire illustre les dérives qui gangrènent certaines entreprises publiques. Alors que l’enquête se poursuit, l’opinion publique et les autorités attendent des réponses claires et des mesures exemplaires pour rétablir la confiance.