Il a été, il est, ce que Serigne Touba nourrissait et attendait de lui. Ça doit être difficile d’assumer un tel destin. Son courage, sa rigueur, sa patience, sa profondeur, son intelligence, sa piété ont fini par lui assurer un tel destin. Qu’importe le contexte, son énergie, sa vérité intérieure, son authenticité ont suffi à faire de lui, bien plus qu’un parent, un disciple, mais l’homme clé de la Mouridiyya sinon l’homme de confiance de Serigne Touba. Dans l’univers des parcours riches et variés au sein de la Mouridiyya, la fidélité a un nom : Thierno Ibra Fati. De fait, ce qualificatif s’explique aisément pour quiconque examine attentivement son itinéraire.

Voilà un homme qui a rendu un service inestimable à l’Islam. En vérité, Il fut l’homme de confiance de Serigne Touba. C’est lui que Serigne Touba avait choisi comme émissaire pour aller rencontrer le Gouverneur Général. C’est lui aussi que Serigne Touba avait confié Serigne Modou Moustapha et Serigne Fallou à la veille de son départ vers Saint-Louis. Aussi, c’est sur ses épaules que reposait le destin de la Mouridiyya après le départ de Serigne Touba vers le Gabon. Avec un volontarisme sans faille, une foi exemplaire, Mame Thierno est resté digne, tenace, brave malgré la pression et les obstacles. Un homme prêt à donner sa vie pour sauver l’héritage de Serigne Touba. Il a gardé intact tout ce que Serigne Touba lui avait confié à son départ vers le Gabon notamment sa famille, sa cité et ses disciples. Mame Thierno dans sa foi inébranlable avec une solidité sans faille et une énergie inébranlable a tenu le pari.

Au son retour du Gabon en 1902, Serigne Touba lui dit : « tu m’as rendu identiquement tout ce que je t’avais confié à mon départ. Et tu l’as fait avec une très belle manière qui a fini de m’interroger, si c’était moi, serai-je capable de le faire identiquement. » On rapporte aussi que Serigne Touba a dit : « Mame Thierno ne s’est jamais séparé de moi et ne s’est jamais mis sur un trajet différent du mien ». Considérant cela, Serigne Abdou Rahmane (Dâru Mu’ti) a dit : « ceci est le plus grand miracle pour un vertueux, c’est-à-dire sa conformité et c’est seulement celle-ci qui est digne d’être imitée à l’endroit d’un vertueux. » ( Serigne Abdou Rahmane, Magal Dâru Mu’ti 2014). Il y rajoute encore : « C’est vrai qu’il peut exister d’autres aspects ou comportements pour un vertueux, mais la conformité aux recommandations divines est la seule qualité digne d’être imitée. »

Revenons sur la parole de Serigne Touba : « …il ne s’est jamais mis sur un trajet différent du mien. » Ce témoignage indique réellement la vertu, la piété et la sainteté de Mame Thierno et atteste aussi la probité avec laquelle Mame Tierno s’est attaché à la Loi islamique . Mame Thierno a fait preuve d’une telle droiture et étant imprégnée extérieurement et intérieurement de l’essence de cette consécration au service divin au point qu’il est l’exemple typique du savant affairé au rôle de guide. Durant toute sa vie, Mame Thierno a pris la loi religieuse dans la main et s’y est conformé en toute fidélité. Il a respecté le Coran et a observé les convenances à son égard. Il a été sincère envers lui, agissant selon ses prescriptions.

Disons que le miracle de Mame Thierno, c’est cette probité envers les commandements et la voie légale de Dieu, extérieurement et intérieurement. Durant les sept années que Serigne Touba a vécu au Gabon (1895-1902), Mame Thierno a eu une influence énorme sur les disciples mourides et l’orientation qu’il a su donner à un grand nombre d’entre eux laisse penser sans aucun doute qu’il était un homme déterminé et d’une foi indéfectible et malgré les rares moment agréables. Mame Thierno ne s’est jamais attribué de miracles ou d’actes prodigieux, afin que les générations futures en parlent ou qu’elles en fassent l’outil de leurs prônes ou la matière de leurs directives ou de leurs sermons. Mais il est l’homme dont Serigne Touba a bien dit sur lui: « Mame Thierno ne s’est jamais séparé de moi et ne s’est jamais mis sur un trajet différent du mien. »

Quel beau miracle !