L’organisation du ministère de l’Intérieur a été passée au peigne fin à travers un audit technique genre. Le rapport de cette étude a été dévoilé ce vendredi 12 février en présence du ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome. Il en ressort en partie que la faible présence des femmes dans des postes à responsabilité est due à plusieurs facteurs.

Ce n’est un secret pour personne, les inégalités homme-femme sont une réalité. Encore plus au Sénégal, où les femmes qui représentent plus de 50% de la population sont minoritaires dans de nombreuses institutions. Pour tenter d’inverser cette tendance, le ministère de l’Intérieur a réalisé un audit technique genre au sein de son département. Cette initiative entrant en compte dans la mise en œuvre du plan d’institutionnalisation genre du ministère de la Femme, a reçu des appuis du ministère de la Femme, de la famille, du genre et de la protection des Enfants et d’Onu Femmes.

Présenté par une consultante indépendante, l’audit fait état « d’une persistance des stéréotypes sexistes et un sentiment de compassion de la part des hommes » qui est souvent positif. En témoigne l’une des femmes travaillant au ministère : « Au fur et à mesure on se rend compte de notre statut de femme, ce qui fait que l’on redouble d’efforts pour bien gérer. Et pour les tâches normales, nos collègues nous appellent pour nous féliciter ». Une déclaration qui vient soutenir les propos d’introduction du ministre Antoine Félix Diome, qui déclarait que les femmes « Fournissent plus d’efforts » dans le but de prouver « qu’elles sont à la hauteur et qu’elles le méritent », ajoute la consultante.

« Lorsque j’avais mon bébé, à un moment donné, j’avais voulu démissionner. Parce que je travaillais en ville et j’habitais en banlieue. Et j’hésitais à prendre des domestiques, car je n’avais pas confiance. J’avais commencé à rédiger ma lettre de démission mais mes collègues m’en ont dissuadée », confie un membre du personnel du ministère de l’Intérieur dans ce rapport. Des dires qui mettent en exergue la délicatesse pour ces femmes d’allier vie professionnelle et vie familiale.

Pour les chiffres dévoilés par le rapport, à la Division de l’Administration territoriale (Dagat), les femmes représentent 28,5 % du personnel et 5,5% des effectifs dont 14 femmes sur 40. Parmi ces 14 femmes, 2 seules occupent des postes de cheffe de division. A la Direction de l’Administration générale et de l’Equipement (Dage), les femmes représentent 23% du personnel, cependant, elles occupent majoritairement les postes de coordination. Notamment en étant Cheffes de bureau 57%. C’est donc au niveau stratégique que les femmes sont les mieux représentées au sein du ministère.

A la police nationale, les femmes ne sont pas représentées au niveau de la gestion stratégique. Interrogées, ces femmes commissaires ont déclaré que « rien ne s’y oppose et qu’il faut impérativement avoir le grade requis pour avoir cette fonction.» Le Sénégal compte 28 femmes commissaires dont 4 principales. Sur le sujet, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome a tenu à apporter une précision allant dans le sens de la précédente déclaration : « En 2013, le Chef de l’Etat, Macky Sall, avait porté à la tête de la direction générale de la police nationale, une femme. Donc, il n’existe pas d’obstacle à la promotion interne des femmes commissaires »

Autre point abordé par le rapport, le budget alloué à la cellule genre et l’équité du ministère de l’Intérieur estimé à 10 millions de Fcfa. Ce montant a été jugé insuffisant par rapport aux missions de cet organe qui est chargé de veiller à l’intégration de la dimension genre dans les programmes du ministère.

A la suite de cet exposé, des pistes de solutions, pour tenter d’avoir une meilleure présence des femmes, ont été préconisées par la consultante : « Il faut intégrer le genre dans toute la chaîne de planification. Il faudrait aussi un travail cohérent avec le ministère de l’Economie et celui chargé des Finances et du budget pour l’appui de la cellule genre, la politique de planification et assurer le suivi évaluation ».

En guise de conclusion, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome affirme avoir pris acte des recommandations émises par le rapport et compte en faire bon usage.