Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir que ce dont on accable ce pauvre agent de Police est une pratique quotidienne dans presque toutes les administrations.

Rares sont les corps ou institutions dans notre pays sans dahiras ou associations confessionnelles de manière générale. Cela fait partie de notre ADN collectif. Dès lors, si un agent de Police doit être radié parce qu’il a salué son guide en s’agenouillant, la logique devrait alors être poussée jusqu’au bout à travers l’interdiction de toutes les associations confessionnelles dans la Police, la Gendarmerie, l’armée et les administrations publiques.

Il faudrait même aller au-delà en destituant tous les responsables publics qui, jusqu’au Président de la République, parce que voulant être en odeur de sainteté avec telle ou telle communauté, traitent celui qui est à sa tête avec une grande déférence. Le ministre de l’Intérieur n’a-t-il pas lui-même, suite à l’incendie du marché Ocass, amené à Touba ce fameux sac de 50 millions, qu’il a brandi de manière ostentatoire, scandaleuse et gênante à la face du monde ? Ce geste n’avait d’objectif autre que celui de contenter la communauté mouride. Les exemples de ce type sont légion dans notre pays. Le problème est donc beaucoup plus profond que ce qu’en laisse entrevoir cette énième polémique.

En réalité, nous n’assumons pas qui nous sommes et vivons dans une schizophrénie étatico-administrative qui n’a aucun lien avec nos us, coutumes et aspirations. Considérer qu’on peut appliquer à la lettre un cadre légal qui ne s’appuie pas sur nos réalités est un leurre – pour ne pas dire un mensonge – dans lequel nous évoluons depuis trop de décennies. Nous ne sommes pas sincères avec nous-mêmes et les responsables publics mal intentionnés se servent malheureusement de cette confusion pour masquer leurs incompétences et/ou leur manque de courage. Notre pays ne s’en porte que plus mal au fil des décennies.

Il ne s’agit pas pour moi de prôner des privilèges pour les uns ou les autres. L’enjeu pour tous est de cerner les contours de notre vivre-ensemble et la meilleure trajectoire pour nous en tant que Nation assise sur ses propres valeurs, mais ouverte au monde.Les sanctions sont acceptées dès lors qu’elles ne sont pas disproportionnées et qu’elles sont appliquées de manière juste. Nul n’est au-dessus des lois, mais nul ne doit non plus être en dessous de celles-ci, fût-il un simple agent de police.

J’invite enfin mes compatriotes à ne pas traiter cette question sous l’angle communautaire ou confrérique, même si cela y ressemble fortement. Le fond du problème est la carence d’un système qui veut apparaitre comme fort alors qu’il ne fonctionne en réalité que par le rafistolage. Ressaisissons-nous, regardons-nous en face et arrêtons la farce !

Seydina Omar Ba

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