L’affaire Woodrose Investment Ltd, fondée en 2017, prend de l’ampleur avec des accusations graves de fraude et de détournement de fonds publics. La société, enregistrée en Côte d’Ivoire, est désormais au centre d’une enquête financière, impliquant Ndèye Seynabou Ndiaye, la gérante, et Amadou Sall, le fils de l’ex-président sénégalais Macky Sall.

La création de Woodrose Investment en Côte d’Ivoire : un départ suspect

La société Woodrose Investment Ltd a été constituée le 12 octobre 2017 en Côte d’Ivoire, sous les formalités légales d’un acte notarié rédigé par Maître Ouattara Mamadou, notaire à Abidjan. Le siège social de la société est situé à Abidjan-Plateau, dans la Résidence Longchamp. L’objet de la société couvre plusieurs secteurs : import-export, prestation de services, commerce en général, et prise de participations dans d’autres sociétés.

Dès sa création, Woodrose Investment Ltd a été dotée d’un capital social de 1.000.000 F CFA, réparti en 100 parts sociales de 10.000 F CFA chacune. Sa durée de vie est fixée à 99 ans, avec pour gérante Ndèye Seynabou Ndiaye. Cette dernière, placée sous mandat de dépôt par le Pool judiciaire financier (PJF) du Sénégal en mai 2025, est désormais accusée de complicité d’escroquerie sur des fonds publics s’élevant à 31 milliards de F CFA.

Les premiers soupçons : transactions financières opaques et gestion de comptes suspects

L’affaire a éclaté lorsqu’il a été révélé qu’un compte contrôlé par Ndèye Seynabou Ndiaye à la NSIA (Banque Nationale de la Côte d’Ivoire) a été utilisé pour effectuer des transactions financières suspectes. Une somme de 10 milliards de F CFA aurait été transférée via ce compte, sans justification légale ou administrative.

Les autorités ivoiriennes et sénégalaises ont rapidement mis en lumière le rôle de Amadou Sall, le fils de l’ex-président Macky Sall. Selon les révélations du parquet financier, Ndèye Seynabou Ndiaye aurait transmis une procuration à Amadou Sall pour gérer ce compte bancaire, ce qui pourrait en faire un acteur clé dans cette affaire. Les enquêteurs suspectent également que Amadou Sall soit le véritable propriétaire de Woodrose Investment Ltd, malgré le fait que la société soit officiellement dirigée par Ndèye Seynabou Ndiaye.

La défense de Ndèye Seynabou Ndiaye : falsification et faux en écriture

Face aux accusations, Ndèye Seynabou Ndiaye a formellement nié toute implication dans l’escroquerie. Selon ses déclarations, sa signature aurait été falsifiée lors de l’attribution de la procuration à Amadou Sall. Elle a également annoncé son intention de déposer plainte pour faux contre le notaire Moustapha Ndiaye et son associé Tamsir Ndiaye, qu’elle accuse d’avoir falsifié des documents officiels.

Cette défense, qui implique un possible cas de faux et usage de faux, pourrait ajouter une complexité supplémentaire à cette affaire déjà extrêmement médiatisée.

Une société transnationale et un réseau opaque de gestion financière

Woodrose Investment Ltd, bien que créée en Côte d’Ivoire, semble avoir des connexions plus larges, particulièrement avec le Sénégal, où la société aurait des intérêts financiers et commerciaux. Le lien entre Ndèye Seynabou Ndiaye, Amadou Sall, et Farba Ngom, un homme d’affaires influent, soulève des questions sur la gestion des fonds et des investissements dans la sous-région.

Cette affaire met également en lumière les pratiques de certaines sociétés opérant à la fois en Côte d’Ivoire et au Sénégal, et pourrait signaler des failles dans la régulation des transactions transnationales en Afrique de l’Ouest. Les autorités ivoiriennes et sénégalaises sont désormais sous pression pour faire toute la lumière sur les connexions financières et les éventuelles dissimulations de fonds.

Le rôle d’Amadou Sall : une enquête à suivre de près

Amadou Sall, qui est au centre de cette affaire, n’a pas répondu à l’appel du PJF. Selon les dernières informations, Amadou Sall serait actuellement basé aux États-Unis, ce qui complique son interpellation et son audition. L’absence de ce dernier pourrait ralentir le processus d’enquête, mais la justice reste déterminée à faire éclater la vérité.

Conclusion : les implications d’une société fondée en Côte d’Ivoire

L’affaire Woodrose Investment Ltd souligne les dangers de la création de sociétés transnationales dans un contexte juridique parfois flou. Bien que fondée en Côte d’Ivoire, la société et ses liens avec des personnalités politiques sénégalaises révèlent un réseau financier opaque, sur lequel les autorités des deux pays devront enquêter en profondeur.

L’enquête continue, et les prochaines révélations pourraient avoir des répercussions majeures sur les deux nations, en particulier en ce qui concerne la transparence des affaires et la régulation des transactions financières internationales. Cette affaire pose également la question de la gouvernance des sociétés privées opérant dans plusieurs pays d’Afrique, et de la nécessité d’une surveillance accrue des flux financiers transfrontaliers.

Assirou.net