C’est dans un contexte d’angoisse existentielle que vit le Sénégal (inondations, lutte contre la covid- 19, disparition tragique de piroguiers au large de Ndar Guédje, ) que ABC a tiré sa révérence. Il aura vécu 63 hivernages sur terre. Une vie remplie au plan intellectuel, professionnel, social, sportif et politique. Il aura vécu en tant que patriote viscéralement attaché à sa ville natale Saint- Louis, à son pays, à la justice sociale, à l’Etat de droit, au sort de son peuple.
vert de la part de certains de ses camarades de parti, mais surtout de la disgrâce. ABC ne reviendra ainsi aux affaires qu’en 2015 avec sa nomination ) la médiature où il a pris le relais du professeur Serigne Diop. Et là le président Macky Sall a vu juste. Il savait sans doute que ABC avait l’âme charitable de ces êtres humains prompts à être au chevet des préoccupations légitimes de ses compatriotes. Dans tous les cas, celui qui aussi à la base s’est évertué même à remettre en selle le basket- ball de sa ville natale, à partager la joie et les peines des ndar-ndar et à continuer de soutenir socialement sans tambours ni trompettes ses compatriotes de manière générale, aura toute l’attention nécessaire et la considération requise, pour la résolution des dossiers et contentieux qui lui sont soumis.
Attentif à la vie et au destin de son peuple
Comme un sacerdoce, ABC a continué d’être attentif à la vie et au destin de son peuple et de son pays. En mettant l’intérêt du pays au dessus de celui du parti, il a continué à se préoc- cuper de la gestion des affaires publiques du président Macky Sall qu’il a toujours considéré comme un frère et un ami. Même ses remarques sur les derniers évènements relatifs à l’affaire Sonko- Adji Sarr, ont été vues comme des alertes, sur le processus de l’évolution sociale et démocratique du pays. Si certains ont feint de ne
Le brillant élève distingué au concours général, professeur d’anglais émérite en France et en Ecosse, avocat et membre du barreau sénégalais, aura dégagé une personnalité charismatique et une aura, non pas seulement dans les amphithéâtres du Sénégal, de l’hexagone et des USA, mais surtout sur le terrain social et politique. Alioune Badara Cissé ou ABC pour les intimes, dont le souvenir de ses bretelles à la Abdoulaye Wade demeure vivace dans les es- prits, pour ceux qui l’ont connu au petit palais où il était Directeur de cabinet du Pre- mier ministre Macky Sall ( entre 2004 et 2007), aura surtout marqué de son em- preinte l’espace politique séné- galais. Il a quitté au même moment le navire bleu, pour fonder avec Macky Sall l’APR. Avec l’avènement de ce dernier à la magistrature suprême, celui qui maniait à merveille la langue de Shakespeare a été propulsé au sommet de la diplomatie sénégalaise. Son séjour au ministère des Af- faires étrangères n’aura duré que le temps d’une rose ( 7 mois ). En fait, le commerce de la politique et la gestion des af- faires de l’Etat, du pays et du parti, n’avaient pas la même perception chez ABC qui n’é-
tait pas souvent sur les mêmes plates-bandes que ses cama- rades au sommet de l’adminis- tration étatique. Les Sénégalais ont très tôt décelé chez ABC un compatriote fortement imbu de valeurs car- dinales du terroir, à savoir, le ngor, le fit, le diom, l’humilité, le respect de l’autre. Ce sont ces valeurs portées en ban- doulière qui ont certainement fait qu’il n’était pas obnubilé par les lambris du pouvoir. Entre la vérité et le mensonge, la justice et l’injustice, il préféraut être toujours à l’écoute des valeurs fondamen- tales tirées des principes et préceptes de sa tradition, de sa religion, en bon musulman et mouride qu’il était.
Le courage de ses idées
De là ont résidé sa différence, ses positions qui tranchaient d’avec celles de son parti et du président de la république. Les exemples ont foisonné. Con- trairement à certains, ABC avait le courage de ses idées. L’on se souvient de ces mo- ments de remous où il avait lancé ces mots « Je ne le re- connais plus », en faisant allu- sion à des dérives en provenant du sommet de l’Etat. Ces positions tranchées lui ont valu des lancées de bois pas comprendre le personnage « national » de ABC, cela n’a pas semblé être le cas pour le président Macky Sall, qui certainement dans le secret de son palais, a besoin d’avoir à ses côtés un ABC, au lieu d’être entouré de flagorneurs et de flatteurs qui ont toujours conduit aux impasses et à l’échec. Demandez à Abdou Diouf. Le président Macky Sall lui a ainsi rendu l’hommage qui sied à un citoyen modèle, à un combattant de la liberté. L’équipe de Directnews à sa tête Pape Diogoye Faye s’associe à cette douleur qui frappe le Sénégal. Elle présente ses condoléances les plus émues à la famille de l’illustre disparu, au peuple sénégalais et prie Allah le miséricordieux de l’accueillir à Janatoul Mahwa.
Mohamed Al Amine THIOUNE