Maam Cheikh Ibra Fall : Les Baay Fall de la Diaspora s’inspirent de leur guide pour mieux habiter le monde à travers les trois vies de Lamp Fall.

L’un des plus célèbres compagnons de Serigne Touba Ahmadou Bamba Mbacké, Cheikh Ibrahima Fall (1855-1930) demeure un modèle fascinant dans la confrérie Mouride. Ses disciples veulent perpétuer sa mémoire en s’inspirant du caractère éclectique de sa vie qui pourrait être divisée en trois grandes étapes. C’est l’ambition affichée par les Baay Fall de Lausanne qui ont réussi la prouesse, en novembre dernier, sur instruction de leur Khalife, d’organiser la première édition des « Zikr Tour », qui se fera à tour de rôle, tous les trois mois mois, en Suisse et dans d’autres pays européens. La ville de Bienne accueille la deuxième édition, e 22 février prochain.

(GENÈVE)- Près de trois cents (300) personnes, des Baay Fall, leurs condisciples Mourides et des invités sénégalais et européens se sont réunis, en novembre dernier, au collège d’Entre bois, à Lausanne, dans le cadre de la première édition du Zikr Tour, un ndiguel du Khalife des Baay Fall. La manifestation culturelle et cultuelle a été rehaussée par la présence des marabouts : Abdou Sakor Fall, Dame Soda Fall, Mbaye Fall, Cheikh Bintou Fall, Cheikh Fall Bayoup Goor.  Après des lectures de versets du Coran, les Baye Fall ont entonné des chants d’adoration, ponctués de percussions très rythmées, pendant plusieurs heures. « La mélodie des Zikr sert de lien entre le monde terrestre et le divin, un pont pour les cœurs des croyants qui se connectent à l’esprit de celui qui incarna l’humilité et la dévotion inébranlable », rappelle Dakaractu dans un article dédié à la célébration récente du Kazu Rajab en hommage à Serigne Fallou Mbacké premier Khalife de Maam Bamba.

Les Baay Fall se distinguent le plus souvent par leur accoutrement distinctif, coloré, et leur chevelure rasta! Issus du soufisme, les Baye Fall accordent une place essentielle au travail et au service de la communauté et de leurs guides au sommet desquels Ahmadou Bamba Mbacke. Ils s’inspirent de Maam Cheikh Ibra Fall.

De l’Héritage de Cheikh Ibra Fall

Le mathématicien Mourtala Mboup, un des hauts responsables de la communauté Mouride en Suisse, en prenant la parole à la suite des responsables des dahiras Baye Fall et des marabouts, a proposé une approche qui permet de mieux décrire et enseigner la vie et l’œuvre du guide des Baye Fall autour de ses « 3 dimensions », en wolof : « Maam Cheikh mu jëkk mi » ; « …mi ci digg bi »; et « ….mu mujj mi ». En effet l’hagiographie mouride nous enseigne que dans sa première vie Maam Cheikh était dans une ardente quête spirituelle qui l’a conduit à mener une vie de pérégrinations dans un détachement (exemple des derviches) tel qu’on l’a pris pour un fou. Il était alors à la recherche du Pôle des temps (le qutb) par inspiration divine. Une fois qu’il a rencontré celui qui sera son maître spirituel, il entama une deuxième vie de disciple qui fournira le modèle du prototype du « takkder ». Après avoir été consacré Cheikh par Sëriñ Touba, il commença une troisième vie marquée par son engagement sociétal.

Basé à St-Louis, il y exerça du lobbying auprès de la classe politique et de l’administration coloniale pour suivre le dossier de son maître qui était exilé et dont on n’avait presque pas de nouvelle pendant plusieurs années. C’est également dans cette troisième vie qu’il servit de référence à de très nombreux aristocrates qui, à leur tour, firent de lui leur maître. Ce faisant, il contribua énormément à réconcilier les « tiédis » avec les « seriñs ». C’est en outre lors de cette dernière vie que Maam Cheikh Ibra Fall est devenu un grand opérateur économique avec un patrimoine foncier considérable.  Loin de refuser la modernité, il n’a pas hésité à envoyer deux de ses enfants à l’école et à adopter de nouvelles méthodes culturales. Mourtala Mboup souhaite promouvoir auprès des enfants et jeunes de la diaspora : « le Maam Cheikh « Mu mujj mi » qui constitue une belle porte d’entrée pour aborder la profondeur spirituelle qui caractérise la voie Baay Faal ».

Maïmouna Niang Negem, Secrétaire générale de la Dahira Touba Lausanne qui n’a ménagé aucun effort pour que ce premier rendez-vous européen des Baay Fall de la Diaspora ait lieu a exprimé toute sa reconnaissance à ses condisciples, aux dahiras mourides, aux marabouts qui ont fait le déplacement exceptionnel pour cette « journée extraordinaire, une journée de partage, dans la paix avec beaucoup de bonheur et riche en enseignements »

El Hadji Gorgui Wade Ndoye – (ContinentPremier.Com)