L’ancien ministre de l’Industrie, actuel maire de Louga et président de la coalition FARLU, Moustapha Diop, est au cœur d’un scandale financier. Accusé d’avoir bénéficié de détournements de fonds publics pour financer sa campagne électorale, il est cité dans une affaire où plus de 734 millions de francs CFA auraient été détournés des comptes de la Commission de Régulation du Secteur de l’Énergie (CRSE).

Des détournements au profit de la campagne électorale
Selon une enquête de *PressAfrik*, ces malversations impliquent Tabaski Ngom, inspectrice des Trésors, anciennement en poste à la CRSE. Profitant de sa position d’Agent Comptable Particulier (ACP), Mme Ngom aurait orchestré des prélèvements frauduleux, notamment en ouvrant un compte à la BGFI Banque pour canaliser les fonds.

Les fonds détournés auraient été remis à Moustapha Diop via son chauffeur et d’autres intermédiaires, dont Mor Guèye, dirigeant de l’entreprise *Sen Setal Web Com*. Des enregistrements audio et une décharge signée par l’ancien ministre attesteraient de la réception de ces sommes.

Parmi les transferts incriminés, 50 millions de francs CFA auraient été versés pour régler une « urgence », tandis que 210 millions et 300 millions supplémentaires sont liés à des marchés fictifs. Ces montants, selon l’enquête, devaient initialement être remboursés après les élections, ce qui n’a jamais été fait.

Mor Guèye et les opérations suspectes

Mor Guèye, proche collaborateur de Tabaski Ngom, est actuellement en détention. Accusé de faux en écriture et usage de faux, il réfute toute malversation et affirme avoir exécuté les ordres de Mme Ngom. « Je n’ai fait que convoyer l’argent comme demandé. Je n’ai détourné aucun centime », a-t-il confié à *PressAfrik*.

Il révèle également avoir remis personnellement 40 millions de francs CFA au chauffeur de Moustapha Diop, sur les instructions de Mme Ngom.

La CRSE saisit la justice

Le pot aux roses a été découvert lors d’un rapprochement bancaire effectué par la CRSE. Face à ces irrégularités, l’institution a déposé une plainte devant le parquet financier le 11 décembre 2024. La présidence de la République et le ministère des Finances ont également été informés.

Mme Ngom, bien consciente des risques, aurait tenté de protéger ses arrières en accumulant des preuves comme des décharges et des enregistrements. Malgré ces précautions, elle est désormais au centre des poursuites judiciaires.

Un silence lourd de conséquences

Contacté par les journalistes de *PressAfrik*, Moustapha Diop n’a pas répondu aux appels. Son chauffeur, Mbaye Ngom, est également injoignable. Ce silence ne fait qu’alimenter les soupçons autour de l’ancien ministre, accusé d’avoir utilisé des fonds publics pour sa campagne politique.

Vers des répercussions judiciaires

Avec des preuves accablantes, dont des audios, des enregistrements et des documents signés, l’affaire pourrait bien marquer un tournant dans la lutte contre la corruption au Sénégal. Si les accusations sont confirmées, elles risquent de ternir davantage l’image de Moustapha Diop et de ses collaborateurs.

La justice, désormais saisie, devra trancher dans ce dossier lourd de conséquences pour la classe politique et l’administration publique.