Le sujet du retrait des troupes militaires françaises présentes au Sénégal a récemment tendu les relations entre Paris et Dakar. Alors que le Président français Emmanuel Macron avait affirmé que les deux pays étaient en discussions sur cette question et que la France avait laissé au Sénégal l’initiative d’annoncer la décision, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a opposé un démenti catégorique.
Sur le réseau X (anciennement Twitter), Ousmane Sonko a précisé que le Sénégal a souverainement décidé de mettre fin à la présence militaire française sur son sol et qu’aucune négociation préalable n’avait été engagée.
Dans son édition du lundi 13 janvier, le journal Enquête revient sur le sujet, s’appuyant sur des confidences de sources anonymes. Le quotidien distingue deux aspects clés :
- L’annonce du retrait des troupes françaises, réalisée par le Président sénégalais Diomaye Faye, notamment lors de son discours à la Nation du 31 décembre 2024.
- L’existence de discussions préalables entre Paris et Dakar sur le retrait.
Une annonce unilatérale qui a surpris Paris
Selon Enquête, le Premier ministre Ousmane Sonko a raison sur un point : le Président sénégalais a agi de manière unilatérale en annonçant la fin de la présence militaire française. Cette décision, initialement dévoilée dans les médias le 28 novembre 2024, a été officiellement confirmée le 31 décembre avec une échéance fixée pour 2025.
Le journal rapporte que Paris a été surpris par la manière dont cette annonce a été faite, bien plus que par le contenu de la décision elle-même.
Des discussions informelles depuis plusieurs années
Concernant les déclarations d’Emmanuel Macron sur l’existence de discussions, les sources du journal appellent à nuancer les propos d’Ousmane Sonko. Elles révèlent que le sujet d’un retrait militaire a été abordé à plusieurs reprises au fil des années, bien qu’il n’y ait pas eu de négociations formelles.
Ces échanges remontent à l’époque de Macky Sall. En avril 2023, l’ancien Président sénégalais et son homologue français avaient discuté de ce retrait potentiel, qui devait inclure une réorganisation des bases militaires françaises au Sénégal. Une commission mixte composée de hauts responsables des deux pays avait été mise en place en mai 2024 pour élaborer les modalités de ce processus.
Un travail en cours depuis l’été 2024
D’après Enquête, des ajustements concernant les accords bilatéraux, incluant les aspects militaires, étaient déjà en cours. Le Président Diomaye Faye avait d’ailleurs indiqué lors de ses 100 jours au pouvoir, en juillet 2024, que ces discussions incluaient un large éventail d’accords, comme les conventions fiscales et d’autres partenariats stratégiques.
Faye avait insisté sur la nécessité d’éviter toute rupture brutale dans les relations entre les deux pays, soulignant l’importance d’une approche basée sur la sérénité et l’amitié.
Une coopération en suspens
À ce jour, Enquête rapporte que les forces militaires françaises attendent toujours la position définitive de la partie sénégalaise pour définir un calendrier de retrait.