Aujourd’hui, l’une des préoccupations majeures pour les jeunes est l’accès à un emploi décent. Une question revient fréquemment : comment les entreprises peuvent-elles exiger cinq ans d’expérience professionnelle pour des postes, alors que bon nombre de jeunes diplômés n’ont jamais eu l’opportunité de travailler ? Cette réalité pose une véritable problématique dans un pays comme le Sénégal, où le chômage des jeunes demeure élevé, et où ces derniers sont souvent confrontés à des exigences professionnelles inaccessibles. Cela contribue à un sentiment de frustration, voire de désespoir, qui pousse certains vers des choix extrêmes, notamment l’immigration clandestine.

L’accès à l’emploi, un défi pour la jeunesse sénégalaise

Le paradoxe de l’expérience est une barrière de plus pour de nombreux jeunes. Il est difficile de concilier cette exigence de cinq ans d’expérience avec la réalité d’une première recherche d’emploi. Cela pose la question de la responsabilité des entreprises, mais aussi de l’État. Pourquoi ne pas encourager une intégration progressive des jeunes dans le marché du travail par des stages rémunérés, des programmes d’apprentissage ou des emplois de début de carrière qui ne demandent pas une expérience préalable importante ?

Les jeunes représentent une ressource inestimable pour le développement du pays. Cependant, face à des offres d’emploi de plus en plus exigeantes, beaucoup se retrouvent en marge de l’économie formelle. Cette situation est d’autant plus alarmante que l’immigration clandestine devient une échappatoire pour certains. Pour éradiquer ce fléau, il est essentiel que l’État adopte une politique jeunesse inclusive et cohérente.

L’État sénégalais doit prendre des mesures concrètes pour offrir aux jeunes les outils nécessaires à leur réussite professionnelle et sociale. Cela commence par un accès généralisé à une éducation de qualité, afin que chaque jeune, quel que soit son milieu, puisse aspirer à des perspectives professionnelles ambitieuses. La formation doit aussi être repensée pour être plus en phase avec les besoins réels du marché du travail, mais aussi avec les aspirations de la jeunesse.

Il ne suffit pas d’avoir un diplôme en poche pour espérer trouver un emploi. Il est crucial de renforcer les programmes de formation professionnelle, afin de doter les jeunes des compétences techniques requises dans les secteurs porteurs. La collaboration entre les entreprises et les institutions de formation est essentielle pour créer des passerelles vers l’emploi. Cela pourrait se traduire par des partenariats public-privé favorisant l’embauche des jeunes, sans que l’expérience préalable ne devienne un obstacle infranchissable.

Le rôle de l’agriculture dans la lutte contre l’immigration clandestine

Un autre levier important pour la jeunesse sénégalaise réside dans l’agriculture. Ce secteur, traditionnellement négligé, possède pourtant un potentiel immense pour créer des emplois et stabiliser les populations rurales. Une bonne politique agricole, accompagnée d’investissements stratégiques, pourrait non seulement créer des opportunités économiques pour les jeunes, mais aussi endiguer l’exode rural, souvent première étape vers l’immigration clandestine.

L’agriculture moderne et durable doit être au centre de cette stratégie. Cela nécessite non seulement un soutien financier pour les jeunes agriculteurs, mais également une formation sur les nouvelles techniques agricoles et un accès simplifié aux marchés. En rendant ce secteur attractif et rentable, l’État sénégalais pourrait non seulement réduire la pauvreté dans les zones rurales, mais aussi offrir une alternative crédible aux jeunes tentés par l’aventure migratoire.

En somme, pour combattre efficacement l’immigration clandestine, le Sénégal doit revoir ses politiques concernant l’emploi, l’éducation, la formation et l’agriculture. Les exigences irréalistes des entreprises en matière d’expérience doivent être revues pour permettre une inclusion plus large des jeunes diplômés sur le marché du travail. Parallèlement, l’État doit intensifier ses efforts pour offrir aux jeunes des opportunités dans des secteurs porteurs, notamment l’agriculture, afin de leur garantir un avenir stable et prospère.

Moustapha mbacke
Pastef les patriotes